Partager Posté(e) 11 août 2018 Lorsque j’étais enfant j’ignorais la musique. Je savais bien qu’un bruit parmi tant d’autres bruits Répondait à ce nom ; j’entendais les refrains Les rengaines, les scies. C’était déjà le temps De l’idole futile inventée par le disque, Révoltés chevelus produits par la finance Qui avance sa mise et rafle un bénéfice. Mes oreilles fuyaient, déjà, ce tintamarre, Paravent imbécile au vide spirituel : Rien n’était bon à prendre et j’en étais conscient ; Le nez au fond d’un livre, admirant la grandeur D’un général français qui fonda son empire. Je manquais de distance envers ce dictateur Qui avait inventé, pour son usage propre, Et pour sa propre gloire, aux pompes de David, Zélé propagandiste, un culte pour lui-même ; Victime consentante, extasié, stupide Face au tableau de genre. Etait-ce donc Arcole ? Un jour j’ai investi de mon argent de poche Pour un trente-trois tours de l’empereur français. Si on me l’avait dit, sans doute aurais-je cru Que c’était lui l’auteur de cette symphonie Que le maître de Bonn un jour lui dédia ; Avant d’en râturer, rageur, la page titre. Depuis lors ont péri dedans mon panthéon Les aigles impériaux ; mais je les remercie D’avoir conduit mes pas vers l’illustre Beethoven, Et vers son « Héroïque ». Immense symphonie, Troisième et ma première, ouvrant mon cœur aux cieux Peuplés par l’harmonie, en deux puissants accords ; Portique impérial où sont passés depuis Tous ces vastes génies qui éclairent ma nuit. Bach et Monteverdi, Mahler, Palestrina ; Le doux Schubert et Brahms, Fauré, Victoria… Compagnons de ma vie consolant ma misère Et portant mon désir aux rives éternelles. janvier 2006 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites Plus d'options de partage...
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