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entretien d'embauche en ville raté


Joailes

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Que chantent encore les cigales

qu'embaument, l'été, les lavandes verticales

et ces arbres géants qui font des parasols

que nos pas foulent encore du sol !

 

qu'on entende encore le cri des bergers

qui partent sereins, leurs troupeaux aux pieds,

sur ces hautes montagnes, à l'estive

avec une miche de pain, quelques olives,

 

que hurle encore le coq, ébouriffé

quand son maître ne l'a pas réveillé

et que toutes les poules caquettent,

en attendant leur mâle, coquettes !

 

Que chantonne encore la rivière,

que se ride encore la grand-mère

au bout de la table, ses souvenirs en miroirs,

son chignon impeccable et ses yeux de perle noire,

 

que se gardent ces parts d'enfance dans les clafoutis

les fous-rires, les feux de camp et puis les nuits

qu'on n'oublie pas le chant du coucou quand la pluie est proche

ni ces frères, ces amis, ces cousins qui étaient si proches !

 

J'arrive sur le boulevard avec mes souvenirs

on me bouscule, je crains le pire

les immeubles sont trop hauts j'ai le vertige

les fleurs n'ont pas de tige

 

je me perds, je suffoque,

mes vêtements sont en loques

j'arrive enfin avec trois quarts d'heure de retard

au cent-dix millième numéro du boulevard

 

par politesse, au cinquantième étage

j'ai décliné mon nom, mon âge

j'ai signé un formulaire, j'avais mal au cœur

et j'ai repris sans joie l’ascenseur

 

Cinquante étages plus bas toujours pas d'air

je pensais à la cuisine fraîche de grand-mère

la bastide étalée au milieu de nulle part

avec la rivière et tous ses nénuphars

 

j'ai marché longtemps entre bitume et dalles …

je n'entendais plus le chant des cigales

j'ai couru … dans la cour, la silhouette de grand-père

le chant du coucou et tous mes repères …

 

mes pieds étaient en sang, mes yeux aveugles,

mais quand j'ai vu le champ où les vaches meuglent,

et que la soupe fut servie dans les bols, à grands coups de louche,

j'ai chassé d'un seul geste toutes les mouches. 

 

 

il ne s'est rien passé, pas de questions,

je suis retournée à mes moutons.

Je les ai comptés et me suis endormie.

Veux plus connaître l'autre vie.

 

(J.E. Juillet 2019)

 

 

 

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