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L’homme et la bête, naufragés du Royaume des Mirages


Ouintenabdel

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Un bédouin, vers le Nord,

Mit le cap un matin.

À la bouche un refrain,

Il marchait sans remords.

 

Il rêvait de la mer,

Des vagues écumeuses,

Des profondeurs rieuses.

Fi de l’ardent désert !

 

Il avait traversé

Sables, monts et vallées.

Il voulait tant fouler

Le continent bercé

 

Par l’aquilon, de jour

Comme de nuit, été

Comme hiver. Majesté

Des lumineuses tours !

 

L’homme du Sahara,

Dans son très long voyage,

Sans grand bruit ni tapage,

Allait cahin-caha

 

Son train avec sa bête,

Un vieux dromadaire.

Lorsque parut la mer

Moutonnant, il eut cette

 

Sensation délicieuse

Qui s’empare du corps

Et fait frémir encore

Les cordes si soyeuses

 

De la harpe du cœur.

Bien loin sa vie de pâtre

Dans le désert jaunâtre

Où rares sont les fleurs !

 

Il s’arrêta au port,

Fit embarquer sa bête,

Marquée par la disette.

Le vent soufflait très fort.

 

 Du ciel bleu des rapaces

Dévalaient vers les flots.

Des longs mâts des vaisseaux

Était strié l’espace.

 

Sur le pont du bateau

L’animal à la bosse,

Qui n’était point féroce,

Fixait sans piper mot

 

L’horizon bleu azur,

Piqueté de points noirs.

De l’eau bleue le miroir

Reflétait le ciel pur.

 

La bête du bédouin,

Ce vieux dromadaire,

Avait peur de la mer

Qui s’étendait au loin.

 

Il se mit à hurler,

De rage trépignait.

Le bédouin essayait

Alors de l’amadouer.

 

La foule sur le pont,

Médusée, regardait

La bête qui criait,

En proie à ses démons.

 

Le désert lui manquait,

Les dunes, le soleil

Aux doux rayons vermeils,

L’ombre des palmeraies.

 

L’animal du désert

Blatère de plus belle,

Veut se faire la belle !

Ceint par l’immense mer,

 

Sur sa prison flottante,

Il ne sait pas quoi faire,  

Le pauvre dromadaire !

Mais une idée le hante :

 

 Se jeter dans l’abîme,

Sauver ainsi son âme,

De son maître au grand dam.

Une énième victime

 

Des furieuses houles !

Échappant à son maître,

L’animal alla paître

Dans la mer qui déroule

 

Son champ d’onde assassine.

La bête disparut

Dans l’herbe bleue touffue

Où poussent des épines.

 

L’homme, perdant la tête,

Plongea, tout habillé,

Dans la mer agitée,

Pour secourir la bête.

 

Les eaux se refermèrent

Sur lui. Il rejoignit,

Au fond des bleues prairies,

L’animal téméraire.

 

Colporté par le vent,

Le beau chant des sirènes

Pousse vers la géhenne

De malheureux migrants.

 

Très loin de leurs demeures,

Terrassés par le glaive

De l’ailleurs dont ils rêvent,

Combien de jeunes meurent !

 

L’ailleurs reste couvert

De tant d’incertitudes,

Porteuses d’inquiétudes

Que l’on prédit l’enfer

 

À celui qui s’exile

Au Pays des Mirages.

Il faut se montrer sage

Et rester dans son île.

 

Il n’y a rien de pire

Que de quitter le lieu

Où l’on est si heureux,

De grandir, de vieillir

 

 Au milieu des siens,

Avec qui on partage

La soupe et le potage,

Et presque tous les biens.

 

La mort ou la mer Bleue ?

Je préfère la vie

Dans mon mas en torchis,

Où le noir est radieux.

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