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L'orage gronde


Frédéric Cogno

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Le vent se ramène avec une odeur de foin,

Il porte des onglets qui font froid dans le dos,

Messager du tyran sous ses airs de vaurien,

Il chamaille un feuillage étranglé au lasso.

 

La forêt fait le guet, gueuse au vert capuchon,

Les raclements de gorge, au loin, sont ses jurons;

Là-haut on voit monter des gradins effrayants,

La sentence noircit, on entend le géant.

 

L'orage gronde.

 

Le ciel met des broussailles et fronce les nuages,

Il évoque un prétoire aux éclairs cruciformes,

Un complot d'insoumis enrage dans leur cage,

Ils seront tous jugés par le monarque énorme.

 

Son immense vaisseau fait d'un œil-hublot noir,

Furoncle le néant de rocs et de gravats,

Le pont incandescent compresse toutes voix

Et rien n'échappera au pilon des quasars.

 

L'orage gronde.

 

Les oiseaux des sous-bois en quidams réunis

Tiennent le la moqueur pour qui s'aime affolé;

Le livre des mousses n'alarme pas les nids

Et prédit des chansons par la douce feuillée.

 

La terreur est là-bas, tenaillant les montagnes,

On éventre les cieux! Flamme au soc des charrues!

Et des tiraillements vont à perte de vue

Enchaîner les damnés dans le fracas des bagnes.

 

L'orage gronde.

 

Quelques éclats d'obus font trembler la prairie,

Les insectes ont la foi à l'heure où tout se fâche,

Ils brodent égrillards les haillons du temps gris,

Chuchotent leur giron à l'abri sous des bâches.

 

Le monstre fait son poids, le choc s'écrase et court...

Ô forges furieuses où s'effondrent les foudres,

Des armées sur le front vont pouvoir en découdre

A coups de nuits trempées dans le sang d'Azincourt.

 

L'orage gronde.

 

Pourquoi ce tumulus dans ce noir firmament?

Sangle-t-on un caveau qu'on tire à bout de nerf?

La bouche du tombeau nous offre un toit souffrant

Faisant de lourds débris, des chaos pour ampères.

 

Et l'abîme ouvre en grand sa cuirasse de plomb,

Et la voûte endiablée engrosse des canons,

La terre ne dit rien selon le vœu des pierres,

Elle appelle à l'écoute en se tenant les lierres.

 

L'orage gronde.

 

Par là, tout près, quoi d'autre?...Alerte au cauchemar!

Les roses des charniers pâlissent au grisou,

Le maître sur chenille arrive patrouillard

En écrasant les crânes aux abords des cailloux.

 

La lande s'engourdit, empaille le silence,

Frisson d'abattement, sentinelle d'errance,

Le ciel peut dévoiler le triptyque féroce :

Le tonnerre et la pluie, le buste du colosse...

 

L'orage gronde.

 

 

 

 

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