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J'ai été l'ami d'Ali Baba [conte oriental]


Marc Hiver

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Illustration : Albert Robida, Ali Baba

 

Oui, j'ai été l'ami d'Ali Baba. C'était il y a longtemps à Ispahan, une ville de l'ancienne Perse. Je me souviens que j'aidais Ali à couper du bois dans la forêt voisine. Nous revenions à la ville pour le vendre, chargé sur trois ânes du Cotentin que je lui avais offerts, trois quettons comme on disait chez moi dans la Manche, en Normandie, France. Car Ali était très pauvre et j'étais heureux d'alléger un peu sa peine. D'autant que son frère Kassim était riche et très avare, et sans esprit de solidarité familiale.

Je serai bref quant à l'aventure extraordinaire à laquelle il m'a été donné de participer. Tu excuseras le caractère solennel de ma narration, mais ce fut un des temps forts de ma modeste existence.

Bien. Quarante voleurs, une grotte, un gros rocher, la formule magique : « Sésame, ouvre-toi ». Et le trésor caché.

J'aide Baba à remplir de grands sacs de cuir trouvés sur place. À notre retour, une somptueuse fête est organisée. Ali, en accord avec sa femme, se constitue un harem qu'il me fait l'honneur d'inaugurer. Soyons clair, je n'ai connu cette nuit-là que trente des cent filles qu'il avait achetées à leurs parents. Je ne suis pas une bête de sexe.

Mais mon ami avait invité son frère Kassim et ce dernier était vert de jalousie. Il manda son épouse pour tirer les vers du nez, comme on dit, à celle d'Ali.

Le lendemain, le frère maudit se présentait à l'entrée de la grotte muni du sésame, du code de ce que tu appellerais aujourd'hui sa carte bancaire.

Et c'est là que ma version de cette aventure diverge du conte des Mille et Une Nuits. J'étais connecté à la NSA, en tant que membre plénipotentiaire de la CIA sur la proposition de Donald Trump que j'avais alléché par la promesse d'un week-end de folie au harem. J'apprends donc que les quarante voleurs ne passeront pas ce jour à la grotte et j'en déduis que l'infâme Kassim pourra se goinfrer sur le dos de son frère en or et pierres précieuses.

 

Tu me connais, mon sang ne fait qu'un tour.

J'y vais donc seul, et quand il prononce la formule fatidique, je lui saute dessus et je l'égorge comme un porc. Aussitôt, sur Internet, je balance la fake news suivant laquelle Kassim a été assassiné par le chef des voleurs.

Avant mon départ, je visitai à nouveau le harem, du moins les soixante-dix femmes qui hululaient de désir après avoir écouté le récit de mes exploits précédents par les trente beautés grassouillettes qui en frissonnaient encore d'un bonheur inextinguible. Je reconnais bien volontiers que les caresses préliminaires avaient été assurées par l'eunuque attaché désormais à ce gynécée.

Le mardi, vers les seize heures de l'après-midi, je repris l'avion, direction la France, le train à la gare Saint-Lazare, direction Cherbourg, racontai tout à ma douce amie qui n'en crut pas un mot. Elle me mit à l'amende et me demanda de lui mettre le feu. Du coup, après avoir aimé une seule fois chacune des cent femmes du harem d'Ali Baba, et pour me faire pardonner d'avoir péché en pensée, j'honorai cent fois dans la nuit une femme unique, l'amour de ma vie. Car à la manière de Shéhérazade, avec cette histoire abracadabrantesque chuchotée à son oreille délicate avant la chose, je lui avais chauffé les sangs.

 

 

Modifié par Marc Hiver
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