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Le café de René : pub !


Joailes

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Aviss à la populace !

« Le café de René

devient le pub de Renée dès lundi

grande soirée d'ouverture ! »

 

hurle le perroquet hirsute,

complètement dépressif

réduit en boîte à musique

remonté une dernière fois

 

qui s'extasierait encore sur un oiseau qui parle ?

Un vieil oiseau, de surcroît !

 

 

 

Le boulevard s'éveille dans le bruit des poubelles

et dans les oreilles de René, le cafetier

il est cinq heures c'est prouvé,

ça ne se passe pas à Paris, donc tout s'éveille

et sans Dutronc .

 

le coq bat des cils et secoue ses ailes

il ne réveille plus personne, même pas lui.

Il n'est plus dupe

 

il vomit son dernier cocorico

à mille lieues de sa ferme

dans la cacophonie des réveils

 

il y a un faible écho

 

Renée n'arrête pas de renifler

René ne sait pas si elle est enrhumée

ou allergique

à ses coups de trique

 

 

Alors que le dernier réverbère s'éteint

le percolateur vrombit déjà depuis une heure

avec de petits jets de vapeur

René en a déjà bu plusieurs

tandis que Renée a ses langueurs

 

Le vin blanc est au frais

 

Renée prend place derrière la caisse

la journée peut commencer

une dernière fois,

comme si de rien n'était.

 

René réveille son vieux perroquet

qui crie à qui veut l'entendre,

avec sa voix à pierre fendre :

« venez tous chez René

le café a coulé,

il faut le boirrrrrre ! »

 

Dimanche soir,

je sais, personne ne va me croire,

je suis passée devant

 

j'ai nettement entendu le perroquet et le coq

lâcher leurs derniers cris

je les ai vus quitter le navire

tandis que René les regardait en buvant un café

il leur a dit « encore deux affaires à régler et j'arrive »

 

Il a embrassé Renée dans ses rêves de néon

a caressé encore une nuit ses bas nylon

un bel au-revoir plein de tendresse

un tatouage éternel sur la peau des fesses

 

Il se sentait léger, René, libéré !

Le boulevard avait trop changé

 

avec le coq et le vieux perroquet

retapés

sur une île au milieu des caféiers,

il a ouvert le café de René.

 

Son meilleur client, Robinson

venait tous les vendredis …

 

Quand j'ai reçu sa carte postale

de par-delà les océans

je n'y ai pas cru

moi non plus !

 

Et pourtant …

cette fois-ci, je n'ai pas rêvé.

Dans l'enveloppe il y avait un billet aller

pour le café de René.

Sans réfléchir, j'y vais.

(J.E. Petites histoires ordinaires – mai 2019)

 

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