Partager Posté(e) 2 mai 2019 Ma grand-mère, sous la pleine lune qui brille, M'accueille à la porte du caveau de famille. Ces vingt-cinq premières années Passées dans les limbes de sa mort entamée N'avaient pas trop altéré les traits d’un visage Qui de son vivant était déjà sans âge. Le teint me parut sinon cireux, Du moins plus terreux, Cela ne m'étonna guère au demeurant. — Tu m'as apporté du pétillant ! J'ai débouché le champagne Et posé les flûtes sur la pierre pour une partie de cocagne. Depuis bien trop longtemps sevrée, Elle a aussitôt bibiné. — Il est bon et frais, pas trop. Trouverais-je les mots Pour évoquer ma mère-grand Sirotant tranquillement ? Puis, en souvenir des civettes : — Tu as pensé aux cigarettes ? Moi, je ne fume pas, Mais j'en avais apporté un tas Pour que tout s'accomplît. — Tu sais que durant la vie,C'est de plus en plus mal vu de fumer ? — Les cons ! dit-elle sans vaine verbosité. Après tout ce temps, Je la retrouvais telle qu'en Elle-même la mort N'avait pas changé l'intérieur de son for ! Il ne m'appartient pas ici de défendre l'alcool et le tabac, Surtout dans cet instant d'une histoire volée qui repassait les plats. Bien sûr que grand-mère Avait abrégé son passage sur terre Par ses excès ; et pour les mêmes raisons, Mon grand-père était mort d'un cancer du poumon. Désormais, elle ne craignait plus rien. Dans le frais du tombeau et un verre d'une main, Une clope de l'autre, elle bichait, Cette femme que j'aimais ! Nous avons parlé toute la nuit. Au petit matin elle est redescendu au caveau, Moi, j'ai pris le premier métro. Rejoignant mes pénates, je me suis mis au lit. 3 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites Plus d'options de partage...
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