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Kerhervy


Papy Adgio

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KERHERVY

 

-         C’est quoi stuc ?

 

-         C’est un gisant. L’enveloppe en marbre d’un personnage célèbre posé sur son lit de mort.

 

-         Cas rare ?

 

-         Pas du tout, cas courant chez les grands.

 

 

 

……….

 

 

-         C’est quoi ce truc ?

 

-         C’est un gitant gisant. C’est le squelette d’un ancien loup de mer posé sur sa lie de mort.

 

-         Cas rare ?

 

-         Plutôt oui, mais qui fait fi de tout bois…

 

 

 

Plus de trente ans séparent ces deux dialogues. Le premier me mettait en scène avec mon père, le second avec mon fils.

 

 

Entre temps, il y en a eu des marées noires, des tsunamis et des dessous pas amis. A en rester comme des ronds de flan !

 

 

Et eux, pendant ce temps-là, les colosses de la marchande, ils sillonnaient les mers et les océans à s’en faire péter la carène. Ils doublaient des caps, que dis-je, des péninsules, des isthmes, des détroits… Et des plus larges aussi…

 

 

Ils devenaient si gigantesques que derrière leurs piles de containers, on avait de plus en plus de mal à distinguer la couleur de leur capitaine. Ils se déguisaient lentement en jeu de cubes multicolores, pas tous payés rubik’s sur l’ongle. Sur l’angle non plus.

 

 

Et les anciens, les voilà sur le flanc. Le cul dans la vase à mariner, le cerveau dans leur jus. Lentement bouffés par la vermine amoureusement fournie par les flux et les reflux successifs.

 

 

Très vite, les brions ne sont pas brillants et se désolidarisent de l’ensemble. Puis se sont les plançons (pensez donc), puis l’étambot et son pied du même suffixe. Un matin, la lisse n’est plus au pays des merveilles et se réveille chafouine.

 

 

Un soir, lorsque la marée se retire et que l’estran embourbe le paysage, il ne reste plus qu’un squelette, ouvert aux vents fous de la nuit. Ses arêtes noircies et puantes dressent encore un souvenir de vie aux cieux endurcis.

 

 

Peu à peu, le deuil se prépare. Chaque jour l’ancienne fierté de la marine sombre de quelques centimètres en pleurant ses voisines disparues. Il se passera encore des jours, des vents, des pluies, des brises, des bises avant que l’oubli n’intervienne et que la jeunesse invente des certitudes plus solides.

 

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Photo Papy Adgio - le cimetière de bateaux de Kerhervy (56)

 

Ce texte est le dernier qui soit aujourd'hui présentable de mes pérégrinations sur des traces et des morceaux de vie oubliés... Mais je reviendrai, j'ai acheté de nouvelles chaussures !!!

 

Modifié par Papy Adgio
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