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Les amants du Krakatoa


Marc Hiver

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(Lithographie de l'éruption du Krakatoa en 1883 datant de 1888.)

               Krakatoa, entre Java et Sumatra

 

 

Je m'étais allongé,
La tête relevée
Par un coussin rembourré de kapok
Pour un tête à tête au paddock.

C'est à califourchon qu'elle fixa nos désirs,
Directe et sans un repentir.
La question plomberie réglée,
— L'un à l'autre arrimés —
Nous avons appareillé.

Était-ce le coussin rembourré de kapok,
Mais tantôt nous nous évadâmes
Hors de ce pauvre lit sans âme
Au matelas trop dur, au sommier bien mastoc.

Elle sur moi, moi sur la canopée,
Elle et moi au faîte d'un kapokier
Plus haut que notre rêve à deux
Survolant quelque à-pic rocheux.

Il advint que je bafouillasse des mots d'amour,
Il arriva qu'elle bredouillât alentour
De nos gestes ambigus
Et dans un charmant tête à cul.

Nous blaguions aussi,
Faisant fi
D'une précaution oratoire
Qui eût de nos deux sexes éradiqué la gloire,
Quoique nus et sans grand équipage,
Mais transportés à l'acmé de notre âge.

Le kapokier nous entraîna
Sur la Mer de Java
Entre Bornéo et Sumatra,
Leurs longues chaînes montagneuses
Dominant nos îles amoureuses.

Alors l'association des mots et des couleurs,
Des parfums et des rythmes, de notre folle ardeur,
Invita au hasard d'un propice mouillage
À franchir les bornes d'un si tendre équipage.

J'écarquillais les yeux pour raviver
Un bestiaire intérieur, sauvage et indompté.
J'en oubliais souvent que j'étais peu grimpeur, peu nageur,
Mais parfois venimeux, pas vraiment migrateur.

Parfois aussi, la langue au bord de l’aphasie,
Sans proférer, ne serait-ce qu'un cri,
Nous glissions sur des plaques de silence verglaçantes,
Le regard suspendu, le désir en attente.

Et puis des vents violents
Redonnaient du cœur, de l'allant
Aux instruments de bord
De notre corps à corps.

Quand nous atterrîmes sur ce bien pauvre lit,
Mais nouvelle frontière d'un voyage enrichi
Par des souvenirs vifs, des caresses déliées,
Nous nous sommes une fois encore embrassés.

Plus tard, elle remit sa culotte,
Et moi, je renfilai mon slip.
Nous nous donnâmes rendez-vous
Sans attendre pour un nouvel abouchement,
Dernière strophe hypertrophiée
D'un poème où nos vers et nos corps prendraient pied,
Sans rime ni raison !

Modifié par Eathanor
Ajout du crédit de l'image
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