Partager Posté(e) 14 avril 2019 Bernard était bavard et collectionnait les buvards en loques, équivoques il faisait parler les taches d'encre au fond des abreuvoirs où s'abreuvaient les saints Bernard. ses chiens, et puis les seins de Madame Bernard, sa chienne Submergé par tout son petit bazar il devint moins bavard et prit du ventre, les buvards lui avaient tant parlé c'était eux, les bavards, qui collectionnaient les Bernard sous leurs vilaines taches d'encre le pauvre Bernard fut submergé bientôt de trop de tâches barbares et même les seins de madame Bernard ne le faisaient plus baver bernard, bourru, mourut d'un rhube de cerbeau. les courants d'air dans une barbe noire, c'est notoire, sont mortels dans les couloirs numides, berbères. Personne ne s'aperçut de son absence pendant très longtemps et puis un jour, sortit un géant du néant « Le grand bazar de Bernard » Là, sur le boulevard, au nez et à la barbe de chacun et surtout de tous, le bon vieux bar, le bouge, l'infâme tripot de madame Bernard, le boulanger, les bouchers de père en fils, le barbier n'en parlons pas et même le berger s'étaient barrés ça avait fait des trous comme les bombes en font mais avec l'habitude, personne n'a rien dit. C'était pas du tout joli comme l'océan un soir de janvier sur la corniche quand le cœur palpitant, tu t'en fiches … Un hypermarché était né incroyable, quand bêbe … Je m'étais enrhubée dans ce boulevard tout troué je me tordais les pieds et le cœur dans les tranchées ; j'ai voulu en avoir le cœur net j'ai marché au gré du hasard aux conditions de ce bazar, dans la galerie marchande où l'on ne marchandait plus, je ne reconnaissais personne j'ai trébuché sur un tapis volant. Tout au fond d'un vieil atelier tapissé de buvards et plein de taches d'encre j'ai reconnu Bernard c'était lui à n'en pas douter avec pignon sur rue paraît que quand on est riche on peut commander une bouteille de liqueur de fraises à trois heures du matin à la réception d'une nuit cinq étoilée … Mais alors, on n'est plus ermite, Bernard, bégayai-je … Devant le divan, en plumes d'oie, le tapis couleur fraise et surtout toutes ces étoiles … j'ai cédé. Il me disait c'est une suite et je pensais à la mienne. Quand Bernard s'endormait, j'avais dix bonnes heures devant moi. Il dormait comme un fœtus. Bernard ne m'a répondu que bien plus tard, un siècle je crois, et quelle délicatesse … sur un buvard rose, frisé de jolis pleins et déliés. Paraît que quand on est ermite, on peut commander un poème comme ça, à trois heures du matin et il arrive par la fenêtre et ça ne coûte rien, dans le langage des taches d'encre Bernard était très fort il m'a laissé des messages. En regardant l'immense néon du bazar j'ai eu un grand coup de cafard et le vertige j'entrai dans le bazar zen, sans conviction. j'ai même fait semblant de ne pas le voir mais c'était bien le corps de bernard pendu entre le a et le z il était trois heures du matin et on n'a pas pu faire grand-chose sauf commander deux douzaines de roses au grand bazar de Bernard. Mon ermite enterré, dépassé par la vitesse du vent, je suis allée enlever toutes ces fleurs en plastique sur son beau corps évanescent Mon rhume m'avait quittée Bernard aussi et cette nuit-là, pourtant semblable aux autres, le grand bazar de Bernard a brûlé le boulevard s'est mis à ressembler à un monde hagard dans la fumée, dans le brouillard l'ermite dans la foule m'a lancé ses buvards roses pour la seconde fois. Paraît que quand on est mort, on peut avoir des roses sans même les commander on peut danser sur ses propres pieds ici y'a du bazar, du désespoir mon pauvre Bernard ! Ton nom dans le néon tu ne l'as pas supporté t'es parti dans le néant en passant par la case mouchoirs et buvards … je déchiffre tes taches d'encre sur tous les buvards roses. (J.E. Avril 2019) 2 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites Plus d'options de partage...
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