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Lentilles


Papy Adgio

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En chœur. Ensemble pour assister ceux qui nous quittent.

 

Il leur fallut des heures de conciliabules pour dépasser la quadrature du cercle. Car ici point de pierre. Point d’argent non plus. Seulement une volonté, commune, d’accompagner la dissolution du pêché, la prière et le départ. Sans même une pièce pour payer le passeur.

 

« Il y a du bois », lâcha l’un d’eux !

 

Sans attendre, les lames du lendemain s’aiguisèrent à la liesse de faire ensemble.

 

Et ils le firent.

 

Ensemble, ils s’en allèrent abattre les arbres. Le soir, après la journée aux champs, les hommes se rejoignaient pour l’équarrir, le débiter, le façonner, le poncer, le traiter contre la mort.

 

Parfois, la veillée esquissait des plans, comptait les besoins, répartissait les forces. L’abattement des plus las se nourrissait des paroles des autres et, lentement, ils reprenaient forces.

 

Au printemps, ils creusèrent les fondations pour élever un simple muret. Patiemment, ils l’encadrèrent de poteaux. Des sablières paresseuses furent posées à l’horizontale. Quelques lattes, quelques potelets puis quelques écharpes s’ajoutèrent pour fixer le remplissage puis quelques croix de saint André pour signifier la rigidité prioritaire. On apporta alors la paille du bétail et l’argile du potager pour remplir les trous. Puis vint le jour tant attendu où l’on se munit de chaux, de sable, de crottin et de crin pour réaliser un enduit qui donnerait un aspect présentable à l’ensemble.

 

Un clocher effilé s’élança ensuite dans le ciel. Il afficha au premier regard ses optimistes essentes façonnées  dans le châtaignier frondeur.

 

Puis on laissa défiler les siècles dans les murmures du clan, les chants de l’entourage et le parcours de la lumière par les oculis discrets.

Il y a de la quiétude dans le cimetière de Lentilles. Tous ceux là sont partis dans la simplicité et la sérénité. On le sent. On le voit au sourire de Jacques, perché sur le couvert, qui accueille de sa bienveillance.

 

Il faisait froid ce matin-là, sous le clocher de Lentilles. Mais l’humilité du lieu, sa solitude, sa respiration multiple entre les bancs de bois nous procurèrent un sentiment de plénitude, de satisfaction du travail bien fait, de joie indicible dans le partage du temps.

 

On pouvait mesurer dans le silence paisible du lieu, l’immense bonheur des hommes de s’être réunis, d’avoir simplement donné une parcelle d’eux-mêmes pour le salut des autres.

 

On est rassuré lorsqu’on sort de l’église de Lentilles. On sait qu’il reste des hommes pacifiques qui savent ériger des églises sans les transformer en chapelles iniques et intolérantes.

 

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Photo Papy Adgio - Cimetière et église à pans de bois de Lentilles (10)

 

Modifié par Papy Adgio
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