~ Les commentaires sur les sujets sont uniquement visibles des membres de notre communauté ~
Rechercher dans
  • Plus d’options…
Rechercher les résultats qui contiennent…
Rechercher les résultats dans…

Doit contenir au moins 3 caractères.

Aller au contenu

Chanaz


Papy Adgio

Messages recommandés

Trait d’union. Tiret court. Tirant d’eau utile pour réunir un pléonasme.

 

Par là, les roulements hugoliens d’alexandrins rageurs à l’assaut de rêves retenus de soleil.

Là-bas, la libre emphase romantique du lac où plane le menu minois de Julie dans l’esprit du poète.

 

Partout de l’eau.

Complexe.

Complémentaire.

 

Car ici, les débordements d’amour de l’un viennent consoler les peines sèches de l’autre.

Naturellement.

En toute humanité.

 

Au tirant souscrit de cette union, le minuscule et longiligne port de Chanaz souligne la simplicité de la liaison. Abrité  au bord du canal, il offre au promeneur de passage la halte verdoyante propice à ses humeurs vagabondes.

 

Les ruelles d’un autre âge, étroites comme la mémoire des aïeux, abritent les plaisirs de celui qui déambule. A mi-côte, un torréfacteur incongru diffuse aux narines surprises des nuées d’arômes bruts et grandiloquents.

 

Plus haut, la lente roue à augets du moulin malaxe sur son axe noix et noisettes des prairies d’alentour. Elle libère un suc limpide et clair propice au doux plissement des papilles gustatives.

 

Géométrique, le bref jardin du palais de Boigne dessine les contours du retour dans la ville basse. Les meneaux débordant de couleurs affichent une fierté héritée de siècles plus austères. L’ombre de la place incite à flâner. A moins qu’une terrasse le long du port ne prolonge le bonheur au défilé des bateaux électriques et des canoës.

 

Vers le jour qui décline, une échappée s’impose sur le repos du canal. L’écluse nous hisse d’abord sur le fleuve désormais devenu domestique. Il glisse sans remord sous le Grand Colombier placide et nous laisse voguer vers l’immense marais de Lavours ou vers le modeste « Lit du Roi ».

Une lente descente nous ramène à Chanaz avant de glisser sans hâte vers le lac qui côtoie l’infini. Une grande boucle amorcée sous le regard du maître, un regard lancé vers Hautecombe la sobre, une respectueuse pensée pour les filets de lavaret que l’on déguste à Conjux arrosés d’un vin blanc de Chautagne et on retourne au canal niché dans sa cache de roseaux agités.

 

La remontée se fait douce. Elle gratifie le regard de multiples instantanés : des oiseaux joyeux dans le marais mystérieux, des étiers solitaires où se perdent les yeux, des maisons de pierre esseulées à l’abri des saules têtards, des vaches américaines qui mâchent et remâchent leur bubble-gum…

 

Une heure durant, le temps demeuré suspendu au ventre de montgolfières multicolores nous a plongé dans un silence infini ou sinuent de pacifiques pensées.

 

6680309_Chanaz(24)(Copier).JPG.d0150bb9ae3bb507ca33ed2ceb04cf81.JPG

Chanaz (73) - Photo Papy Adgio

Modifié par Papy Adgio
  • Merci 1
Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

×
×
  • Créer...