Paradis perdu

[Filae77]

Lara sais-tu qu' ici, il y'avait nos maisons ?

Un bourg qui somnolait aux confins du pays.

L' adagio pastoral qui rythmait nos saisons,

chantait un paradis disparu aujourd'hui.

 

Nous n' avions jamais faim car tout y abondait.

L' air pur s' accordait au parfum du magnolia.

parfois un faon humait l' azur du matin frais,

puis fuyait zigzaguant dans un champ d' acacias

 

Corps à corps compulsifs, chaos libidinal :

La passion qu' on savait aux amants dissolus.

Jaloux, l' amour a un instinct obsidional  

qui niait au divin son pouvoir absolu.

 

Mais quand il s' incarnait, l' amour s' y faisait chair.

Un charmant gazouillis montait dans l' air vibrant.

d' un subtil clair obscur  jaillissait un flot clair

qu' un faux jour qui tombait ,nimbait d' un halo blanc.

 

On connaissait un lac blotti dans un vallon; 

murmurant clapotis, miroir subliminal.

Parfois un grand poisson y traçait un sillon

sur un flot qu'il barrait d' un trait horizontal.                            

 

Un jour qu'il avait plu, on vit l' apparition

d' un canot à fond plat qui passait sans nous voir;

il troublait un courant saisi d' ondulations.

Un soldat y dormait, qu' habillait un drap noir.

 

Un paradis brutal naissait dans nos sous-bois;

où un climat trop chaud hâtait La floraison. 

Là nul n' y survivra; Lara. Ni toi ,ni moi.        

Lara sais tu qu'ici, couvait la trahison ?....

 

 

Lipogramme en E