Partager Posté(e) 28 février 2019 Monique est arrivée, les yeux bien embués. Elle venait me confier sa peine de cœur ; Son rimmel épais, bleu, avait coulé Et traçait des sillons comme après un labeur. Elle a flairé les lieux, en me faisant remarquer Que pour plus de confort elle avait des adresses ; Refaire le monde pour moi, ça l'aurait consolée, Confondant l'intérêt avec la tendresse ... Son ami Charles Edouard venait de la quitter. Je compatis, ce doit être difficile, De vivre sans cet être complètement surfait Dont même les dents sont de crocodile ! (je me souviens de son polo Lacoste) Je lui offre une fleur, lui parle de la mer, Où mes yeux s'égarent, bien au-delà ; Son chagrin, je l'avoue, m'est un mystère Elle pleure, certes, mais de larmes n'a pas ! Elle m'annonce soudain que je pourrais faire fortune, Avec un agent ... pas secret, immobilier ; Qu'il m'échangerait bien un pâle rayon de lune Contre mon havre de paix ... Monique n'est pas rêveuse, voyez-vous, Elle est snob ... Ce n'est pas de sa faute, Elle en a bavé, toujours au garde à vous, Pour sortir enfin de sa petite grotte ! Au bout d'un long moment, je lui donnai En un geste vague, pour en finir, Mon dernier chéquier non utilisé Que j'avais barré d'un "C'est pour rire." Monique est ainsi, elle a de l'ambition ; Je l'ai raccompagnée, vraiment très gaie, J'ai bien vu qu'elle regardait ma maison Une dernière fois. Elle ... est rentrée dans son palais. Je n'aurais jamais cru qu'en habituée des cocktails, Elle puisse être ivre en buvant du petit lait ! Ses talons aiguilles qui, bien sûr, l'encanaillent, Faisaient des trous sur mon plancher. Je suis rentrée, enfin, dans ma tanière, Le cœur léger, riant comme une petite fille ; Une nouvelle fois, j'ai regardé la mer Et suis allée dormir, dans ma p'tite coquille ! (Joëlle Eymery – 2014 -) Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites Plus d'options de partage...
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