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Il faisait chaud, dans le chalet


Joailes

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Il faisait chaud dans le chalet.

Une grosse bûche de chêne brûlait lentement dans la cheminée, et les petites flammes des bougies, posées ça et là, projetaient de jolies ombres sur les murs.

Une ambiance pour deux, et pourtant j'étais seule.

Si j'avais été écrivain, j'aurais pu raconter cette nuit qui n'arrive qu'une fois dans une vie.

 

Par la baie vitrée, l'étonnante lumière de la neige ajoutait à ce décor sa touche de surnaturel.

Le vrai silence venait de s'installer.

Le silence de l'immensité.

Que d' étoiles, partout !

 

Et voilà qu'un ours de force plus cinq (donc assez puissant), flaira le pot de miel posé sur ma table.

Il défonça la porte d'un coup de patte et se dit : « pour avoir le miel, je dois supprimer cette femme »

Je me sentis plutôt désemparée, sur le coup, car j'avais enfilé une peau de chèvre pour être à l'aise ; pour prendre mes jambes à mon cou, ce n'était pas vraiment ce qu'il y avait de mieux.

 

Je jouais mon va-tout.

Je lui fis une œillade que je m'étais entraînée à reproduire, (après avoir vu un bon vieux film d'amour en noir et blanc) et cela le stoppa net !

Ouf !

J'ai toujours su que les ours n'étaient pas méchants, seulement mal léchés !

Nous avons fini la soirée enlacés, devant la cheminée, en suçant nos doigts dégoulinants de miel, et nous avons bien ri tous les deux !

 

Après, j'en ai eu assez.

J'ai mis une annonce sur un bon coin pour vendre la peau de l'ours, après l'avoir tué.

Et j'ai pleuré, vraiment, quand je l'ai vendue, car il ne me restait plus que ses yeux qui avaient croisé les miens, posés sur une soucoupe, et une patte tendre et velue.

 

Il faisait chaud dans le chalet et la neige continuait de tomber.

J'attrapai une espèce de virus inexpliqué et je mourus en vingt quatre heures, la main sur ma patte d'ours, les yeux au fond d'une soucoupe, face aux siens. 

 

Aucun écrivain digne de ce nom n'aurait pu raconter cette histoire.

Il faisait chaud dans le chalet.

(J.E. Petites histoires ordinaires)

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