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Bons baisers de Quentin


Epsiløn

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Je vous souhaite une bonne Saint-Valentin... à ma façon...

 

 

Dans un vaste manoir se pavanait Quentin,

S’activant sans détours pour la Saint-Valentin.

Acquis un franc six sous, un peu d’eau de Cologne,

Et du fard pour le teint appliqué sans vergogne.

C’est que le damoiseau avait bien cent ans d’âge,

Sous ses airs de dandy et de garçon bien sage.

Il avait les traits fins et le regard perçant,

Qui vous fixait des yeux à vous glacer le sang.

 

Sa beauté légendaire attirait les pucelles

Venues trouver mari au bal des jouvencelles.

‟Des noces à la clef, circulait la rumeur”,

Sans que l’on su jamais à qui profitait l’heur !

On disait que le Diable en simulait l’office

En toge d’apparat et autres artifices,

Et qu’au terme cédant douze coups de minuit,

Ne restait au dévot qu’à en cueillir le fruit.

 

Au pied de l’escalier lui apparut Elise.

Quentin y vit dès lors sa future promise,

Le visage angélique et la peau de satin,

La gorge délicate appelant au festin.

On riait à la table en compagnie des gueuses

Qui se bâfraient de mets et de moues aguicheuses.

La belle dans sa robe à la place d’honneur,

Ingénue en tous points n’en comprit la teneur.

 

‟- Je vous veux pour ce soir, chuchota le gandin,

Insistant lourdement sur la courbe des seins.

Nous passerons alliance avant la pleine lune,

Et boirons au calice assis à la tribune.

- Je m’en remets à vous, mon illustre seigneur.

A vous voir sous ce jour, je vous sais bien meilleur

Que l’infâme rumeur issue de la sottise

Des gens de ce village enclins à la méprise.”

 

Les danses consommées, le nobliau héla

Un valet estropié en guise de prélat.

La lune était croissante et l’on dressa l’autel.

Alors pu débuter l’étrange rituel.

Un agrégat d’ombres se fit jour dans la pièce ;

L’assistance se tut et l’on dicta la messe.

Les fiancés rayonnaient dans leurs habits de noces.

Ainsi furent passées les bagues sans entorses.

 

Le baiser qui suivit n’est pas de ceux qu’on croit.

La scène laissa place à un sursaut d’effroi.

Le cou fort dénudé et la veine alléchante

S’offrirent au gredin telle une plaie béante.

En digne héritier du Comte Dracula,

Quentin, n’y tenant plus, de ses crocs l’embrassa.

L’on entendit un cri, lors que la belle Elise

De douleur s’évanouit à minuit deux précises.

 

Ce qu’il advint alors ne tient qu’à la légende…

A l’aube du supplice, il plut dru sur la lande,

Et les nouveaux époux dormaient à poings fermés,

Lorsqu’Elise soudain du larcin fut vengée.

La foudre s’abattit, réveillant l’ingénue,

Qui vit à ses côtés le malfrat torse nu.

‟Point de baisers sanglants à moins que l’on ne meure…”

Et lui planta céans un vieux pieu dans le cœur.

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