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Au Poët Laval


Papy Adgio

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Avale poète, une consonne palatale qui tente un simple zézaiement au soleil de midi. Qui stridule, qui spatule et qui dissimule un cor aphone à tes pieds mal contés.

 

Palatin pas si doux que ça, mon pauvre Joachim, qui zozote un passé pas si pariétal que ça : jadis, les sourds borborygmes romains exigeaient de la peau qu’elle se pare de ses pores d’hiver pour son bref passage sur terre. Qu’elle adresse des oraisons funestes à la lande décharnée. Qu’elle grelotte pelle en main pour soulever et déplacer sans cesse la lourde neige maculée par les allers retours incessants des cercles commerciaux.

 

Pendant ce temps, eux, là-haut, comte et prélat, manigançaient de sombres tours de passe-passe dans la douce intimité de l’âtre.

 

Ici, on souhaitait de la stridulation estivale. Une sorte de diphtongue stricte et claire qui serait sans cesse enseignée aux forces futures. Et qui ferait loi pour celles en présence.

 

 

Alors, on alla et on vint. On compta constamment les pas qui mènent à la frontière. On avança. On recula. On hésita. On trépigna.

 

… Puis on la franchit…

 

On s’affranchit en catimini de la puissance de l’abbé à défaut de s’affranchir de celle du seigneur.

 

Seigneur, aie pitié de ces âmes amadouées par la réforme qui formaient des bastions bientôt décimés avant d’esquisser puis de dessiner les contours d’une vie nouvelle.

 

Au Poët, les murmures huguenots suintaient des façades vers les ruelles exsangues. Ils s’écoulaient vers la place où de l’ombre près de la fontaine, le regard pouvait s’évader vers les collines environnantes. Là-bas, se cachaient peut-être ceux qui portaient la parole.

 

Au Poët, on mourait trop près de la richesse étalée là-haut sur le promontoire où ne montaient que nobliaux et clercs. Ecclésiastes et hobereaux, robes et paletots, paltoquets réunis pour classer sous le manteau les affaires délicates.

 

Au Poët, on avait de la fraternité dans l’âme. On se passait sous la chemise les écrits de Luther, les paroles de Calvin, les vents renaissants répandus par les mains toutes propres de monsieur Gutenberg.

 

On savait se glisser sous les couverts pour disparaître, par une porte soudain entrouverte et aussi vite repoussée. On savait se comprendre du regard et du geste, s’évanouir, puis renaître plus loin derrière les pierres plantées d’un jardin.

 

Peu à peu, l’idée d’une église des pauvres attentive à la vie des pauvres et de cieux attentifs à l’éternité des pauvres et non au remboursement des riches pour leurs messes payées rubis sur l’ongle enfla dans les coursives secrètes.

 

Grande est l’image des Réformés qui s’affiche parfois dans les meneaux ouverts au pays tout entier.

 

Placide, le musée du Protestantisme attend les âmes curieuses dans le parfum des roses trémières qui se dressent fièrement contre les pierres réchauffées par les rayons tendres du matin.

 

Ceux-là osèrent choisir, transmettre, rassembler puis réunir. Le front haut, le cœur digne, la face claire, ils lançaient leurs musiques aux fenêtres ouvertes de la liberté. Ils éclairaient les siècles d’accords neufs et fraternels. Ils tendaient au printemps des mains larges et joyeuses.

 

Jusqu’au retour des poings de ceux qui martèlent la nostalgie aux frontons de leurs chapelles.

 

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Photo Papy Adgio - Dans le dédale des ruelles du Poët Laval (26)

Modifié par Papy Adgio
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