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Joucas


Papy Adgio

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De la musique d’abord, disait le poète. De la musique,  magique, qui claudique, qui décompte basique, des bibis accrochés aux parterres de pierre grise. De la musique qu’on sait par cœur, qui domine haut, qui dévisse, qui chique corps et âme, qui couine et scie jaune et s’écrase comme une caisse.

 

… Et peut-être Nougaro qui déclame sa réclame…

 

Claquettes coquées coquettes aux pieds, j’escalade la calade, le long escalier qui grimpe, chaotique, vers les créneaux craquelés des hautaines hauteurs. Au pas des mules, émule du pape, recueilli et contrit au tripot des poteries multicolores qui brinqueballent sur les parapets.

 

Effluves fluviales dans les bouquets de bougainvillées, trilles naseaux bouchés du jasmin trompette, vapeurs évaporées des lauriers roses, bulles ballottées des holboellias embaumés. Au gré de l’ascension s’éventent les visites virtuelles du souvenir au souffle intimiste de Paolo Fresù.

 

Sous le voile violet de volets à peine éveillés, vacille la flamme fière des volumes volubiles. Solo de batterie dans une cuisine aveugle. Volutes du violon dans les verts bavardages. Evanescentes gammes au piano égarées. Sourdes ou sopranos les voies de garage du quotidien voyagent à nos oreilles de devins. 

 

A grandes enjambées, je vole vers la vue imprenable sur les collines du Luberon, malgré la chaleur qui tente une attaque entre le feuillage dense. Le pavé hache la progression. Le souffle, de plus en plus court, se heurte aux murs de pierre solide. Les odeurs, tout à l’heure distinctes, se mêlent aux rumeurs. Vivacité du romarin, vaisselle que l’on cogne. Quelques souffles de vie s’exhalent des pierres. Peut-être en souvenir de vieilles veillées vaudoises. Coup bref d’une horloge dans un salon endormi. Murmure d’une abeille sur un figuier en fleur. Vocables sonores dans le silence de la ruelle.

 

Ça et là, dans cette luxuriance végétale, odorante et sonore, des murs de pierre ocre, semblable à celle du pays, des vases lancinants posées sur un muret, un banc délaissé au soleil d’une terrasse, des huisseries couleur de lavandin qui offrent leur patience, leur sérénité aux sens éveillés. Et ça et là, épuisées par le temps, les œuvres de Plaud et Huybroeck.

 

C’est l’heure de la sieste, à Joucas. Même le vent, discret, enveloppe avec nonchalance les statues de métal offertes à celui qui déambule.

 

Muets et recueillis, nous goûtons pleinement au plaisir du voyeurisme sensoriel.

 

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Photo Papy Adgio - Calade à Joucas (84)

Modifié par Papy Adgio
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