~ Les commentaires sur les sujets sont uniquement visibles des membres de notre communauté ~
Rechercher dans
  • Plus d’options…
Rechercher les résultats qui contiennent…
Rechercher les résultats dans…

Doit contenir au moins 3 caractères.

Aller au contenu

Les crocs de la terre


Cisco

Messages recommandés

Les kilomètres défilent et mes balais d’essuie-glace étalent une purée de moucherons sur le pare-brise. De retour vers mon domicile, je roule sur l’autoroute A 26 en direction de Reims. Les nouvelles sur France infos se font trop répétitives, je bascule sur le mode juke-box, c’est un peu mon « piano cocktail » favori. En fait de piano c’est ma sélection de titres pop, classiques et autres. C’est du « Super tramp » qui passe à ce moment, « Dreamer ! yes I know you are a dreamer !….. »
Un client m’appelle, le système Bluetooth prend le relais, j’arrive justement à une aire de stationnement, je peux répondre à mon client.
Me voici à l’arrêt au lieu-dit « Les crocs de la terre ». C’est amusant comme nom, est-ce une découverte archéologique qui a donné ce nom au parking ? L’autre stationnement le plus proche sur l’autoroute, s’appelle lui, « Le champ l’épée ». Je suis un peu perdu dans mes pensées, (c’est fréquent, on me dit rêveur). Je reviens justement de Troyes où je suis passé près d’un site de fouille. On y a retrouvé (selon la presse) de magnifiques objets funéraires et la tombe d’un prince Celte.
  La musique bascule sur une chanson interprétée par Julien Clerc, « Élisa ! Élisa ! » et J’aperçois sur le parking une belle jeune fille, bien bronzée. Elle est habillée bizarre, on dirait une Tzigane ou une baba cool, comme je les aimais quand j’avais vingt ans. Mon dieu qu’elle est belle ! Elle vient vers ma voiture, elle a un sac à dos et une grosse mallette en bois à la main. Elle me demande avec un grand sourire si je vais vers Reims, elle fait du stop. Mon cœur fait "bang bang bang !", non mais quel idiot, calme-toi papy, que je me dis. C’est vrai qu’à cinquante-six ans faut pas rêver.
-   Oui Mademoiselle, je vais à Reims, je peux vous déposer. Elle charge ses affaires sur le siège arrière et viens s’asseoir à côté de moi dans la voiture. Elle a sur elle, une odeur de cuir, c’est une odeur un peu forte mais pas désagréable. De longs cheveux bruns et ce sourire, oh la la, elle a de ces canines et pointues ! Mon « piano cocktail » fait des siennes et embraye sur un « T’en fait pas mon p’ti loup ! » de Pierre Perret.
  Elle est bien silencieuse, le paysage défile, c’est moi le pti loup et je n’ai même pas peur. C’est maintenant le grand Jacques qui prend le relais musical. « Dans le port d’Amsterdam » et aie, aie, aie, il y a de l’accordéon.
Elle me demande,
-   Vous aimez l’accordéon ?
-   Oui parfois, en musique j’aime un peu tout, « je ne veux pas paraître vieux jeu ». A l’accordéon, j’ai bien aimé la musique de Yann Tiersen.
-   Oui c’est joli, je suis musicienne et je joue de l’accordéon.
-   Ah ! C’est génial ! « je me raccroche aux branches » Qu’est-ce qui vous amène sur Reims ?
-   Je viens faire les vendanges, je suis attendue à Dormans.
-   Vous y allez ce soir ?
-   Oui, je suis déjà un peu en retard.
-   C’est vrai, elles ont déjà commencé dans quelques villages.
Un nouveau silence s’installe et voilà maintenant que Brassens nous chante « parlez-moi de la pluie et non pas du beau temps, le bel azur me met en raaage…. »
Je reprends en chœur :
-   J’espère que vous aurez du beau temps, c’est plus sympa pour la cueillette.
(Ça l’a fait rire, c’est déjà ça).
-   Oui, moi aussi, et le beau temps j’aime ça, je suis de Toulouse.
-   Ô Toulouse ô mon pays, que je lui dis, ma grand-mère me chantait souvent cette chanson, elle est née là-bas. (Cette fois-ci, j’ai pris de court mon cocktail musical, je n’y avais pas mis Nougaro).
La route défile et après un « il est trop tard » de Moustaki, on arrive à la sortie de Reims, sur la route de Dormans. Je dépose la belle, ici, et comme pour me faire mentir, c’est un « ne me quitte pas ! » qui prend le relais.
Je me dis : « c’est tellement vrai quoi, on a vu souvent rejaillir le feu, de l’ancien volcan qu’on croyait trop vieux ».
Après m’avoir dit grand merci, je l’ai vu toute petite partir gaiement vers mon oublie. Ce n’est pas de moi, mais c’est tout comme et j’ajoute personnellement, heureux celui qui se fera croquer par ses dents de louloute.

Modifié par Cisco
Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

×
×
  • Créer...