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Coude


Marioutch

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« Gonflez vos poumons, ne respirez plus, bloquez, vous pouvez respirer normalement. »

Elle entendait cette voix féminine par la porte entrouverte de la cabine beige sale dans laquelle on l’avait fait entrer.
Elle avait posé ses lunettes de soleil, sa barrette bleu ciel avec des strass sur la chaise en plastique vert pomme.
Dans un panier qu’elle avait pris soin d’apporter au cas où on la ferait se déshabiller et qu’il lui faudrait plier ses vêtements, elle avait glissé le livre qu’on lui avait offert : Le géographe des brindilles. 
Elle avait lu un texte sur le cyprès et elle avait tout de suite fait le parallèle entre cet arbre et le kaori de la Rivière bleue, celui qui avait 1 000 ans, et aussi avec les kaoris qu’avait plantés le père d’Eric dans le Grand Sud au lieu-dit « Champ de bataille ».
Elle s’était dit qu’il méritait un poème, le kaori, qu’il lui fallait chercher des détails, mais que la profondeur était là. 
Ce fût droit qui s’élançait sans détours vers le ciel, avec certitude, sans angles, comme les kapokiers, sans s’embarrasser de coudes, la fascinait...
Puis on l’avait appelée. 
L’infirmière, jeune, jolie et blonde, lui dit qu’elle allait poser une perfusion dans le creux de son coude. Elle chercha un moment sa veine après avoir serré un garrot puis renonça. Sa veine était étrange, elle faisait un coude et disparaissait. 
Elle ne put s’empêcher de penser qu’elle aurait voulu être un kaori et non le kapokier qu’elle aimait et retrouvait de temps en temps, depuis trente ans, sur une propriété de Dumbéa.
Ce n'était pas la première fois que les infirmières galéraient pour trouver la veine de son bras droit, parfois elles ne renonçaient que lorsqu’elle éclatait.
Quand elle l’eût posée, elle lui décrit l’examen, l’iode qui allait la pénétrer. Elle aurait chaud, mais l’examen ne serait pas trop long.
Elle lui dit qu’on allait pouvoir distinguer tous les vaisseaux de son cerveau, et là encore elle pensa aux branches si régulières des kaoris qui ignoraient les obstacles, et elle aurait bien aimé que ses vaisseaux, à elle, n’en rencontrent aucun...

 
 
 
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