Partager Posté(e) 27 janvier 2019 Le Passage Entraver la mémoire, écarteler les digues, parcheminer le ciel et craqueler de rouille le chatoiement de l’aube, le quotidien savait y faire et je n’en pouvais plus d’avancer en aveugle, entravée et tordue, embrumée jusqu’au sang même. Pourtant, l’impatience ne s’était pas tarie au fond de mes prunelles, ni le vagabondage dans les mots de Chedid, d’Ottavio, de Césaire qui, repeignant les volets bleus de mon imaginaire, attisaient mon émoi, ravivaient l’ensoleil, envolaient de ciselles mon futur lézardé. Au ventre même du fleuve N’Inga, j’allumais mon désir. Ta tendresse ruisselait, étincelant la blessure, et je tenais debout, balbutiante, éperdue, ta main tenant la mienne aux heures couleur de suie. Bientôt, je franchirais le passage, celui-ci ou bien l’autre, celui scellé de mon enfance, suintant de boue, d’effroi, de désespérance. Je hurlerais enfin, de ma chair, de mon sang, libérerais mon corps de sa gangue botérienne. Bientôt… le printemps enfin prendrait sens. 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites Plus d'options de partage...
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