~ Les commentaires sur les sujets sont uniquement visibles des membres de notre communauté ~
Rechercher dans
  • Plus d’options…
Rechercher les résultats qui contiennent…
Rechercher les résultats dans…

Doit contenir au moins 3 caractères.

Aller au contenu

Dans le silence d'un reflet


Eathanor

Messages recommandés

La trentaine, des cheveux noirs coupés en frange, une mèche rebelle tombant devant ses yeux, des mains pour caresser, gantées d’une peau d’albâtre sous laquelle se dessinent des veines en arabesques… Belle étrangère, vous étiez la princesse de ce wagon rempli de singes savants costumés. Face à vous, je demeurais avec mon cœur mis à nu tandis que vous vous drapiez dans le rêve.

 

Des pages se tournaient dans un froissement de silence écorché par le bruit de l’acier sur les rails ; des regards se cherchaient en prenant soin de s’éviter ; des effluves d’existence se frôlaient en veillant à ne pas s’étreindre. Un sourire était venu habiller vos lèvres. Je me suis fracassé dessus, me perdant dans le décor des lignes de ma lecture. Les phrases du roman tombaient l’une après l’autre à terre devant vos pieds. Je n’osais me pencher par peur de fissurer ce rêve que vous teniez et qui vous habitait à la perfection.

 

Dans les noirs tunnels parisiens, j’ai goûté silencieusement à votre reflet. Un goût doux et sucré, un parfum aux éclats d’enfance parsemé de pépites de nostalgie coulait dans le gosier asséché de mes songes. Capturant votre reflet sur la vitre, je l’ai soigneusement déposé sur mon cœur mis à nu. Les pages du livre étaient blanches. Il me fallait de nouveau écrire l’histoire.

 

Les notes suaves de vos doigts effleurant amoureusement les pages de votre rêve pour les coucher sur un lit de tendresse amorçaient une danse sensuelle sur le bord de mes tympans avant de s’embrasser, le tapissant de la plus sublime des mélodies. Mon oreille si imparfaite était absolue. Chaque page tournée écrivait la partition de votre image.

 

Quand vous avez quitté ce wagon, belle étrangère, vos pas ont foulé ces mots qui gisaient à l’agonie. Sans doute ne le saurez-vous jamais, mais si vous avez senti votre cœur frémir ce jour, votre trouble ne fut que l’écho d’un homme dessinant l’esquisse de votre souvenir à l’encre frémissante d’un reflet capturé tout en murmurant les contours de votre présence au passé.

  • Merci 7
Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

×
×
  • Créer...