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Montréal ?...


Papy Adgio

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Loulou y es-tu ?

 

                                     Loulou vois-tu ?                                      

 

Loulou entends-tu ?

 

 

 

……….

 

 

 

Ignare, ce n’est pas Loulou, c’est Riri !

 

 

 

……….

 

 

 

… Henri est venu, Henri a vu, Henri a entendu…

 

 

 

… et depuis le jour d’agape royale, l’escarcelle du prieur de la collégiale de Montréal n’était plus l’escarcelle que vous croyiez.

 

 

Elle sonnait, elle trébuchait, elle noçait et elle trahissait parfois une tentation à la folie des grandeurs.

 

 

Un matin, un gigantesque chariot débarqua sur la place. On en sortit des caisses qui vomirent pierres à morfiles, maillets, massettes, fermoirs, nérons, queues de poissons, gouges, cuillères, burins, rifloirs, racloirs, affiloirs, râpes, limes, sabloirs, perloirs, guimbardes, tarabiscots et wastringues…

 

Suivaient deux frères. Deux rieurs, deux amuseurs, deux goguenards qui biffaient bien leur signature car ils se nommaient Rigoley. Tout le jour, sur le seuil de la collégiale on les entendait s’esclaffer, chanter et siffler, surtout les belles qui se hasardaient sur l’esplanade de la porte haute.

 

On les entendait aussi harceler les apprentis, rudoyer les ouvriers et pester quand il s’agissait de reprendre une égratignure, une balafre ou une souillure.

 

Mais les hommes avaient de la technique, de la vista et du talent. Une solide renommée les précédait et ce fut sans discussion que le prieur imposa leur engagement afin de réaliser des nobles stalles dans l’église : la décision collégiale fut prise en janvier et les moines, réunis dans la grande salle gelée qui jouxtait le cloître, ne tremblotèrent aucune réprobation et capitulèrent rapidement. Il faut dire qu’à Montréal, dans le lieu saint mi roman mi gothique, on savait ménager la chèvre et le chou.

 

En arrivant ici, les deux frères n’avaient aucun projet de réalisation. Ils savaient jouer de la ronde-bosse mais ignoraient tout de la prévision. Ils travaillaient habilement la miséricorde en attendant qu’elle vienne  leur botter les méninges plutôt que le derrière. Ce n’est qu’une fois arrivés qu’ils décidèrent qu’on sculpterait d’abord la panoplie des saints labellisés par Rome avant de terminer par une note plus enjôleuse.

 

Ils indiquèrent rapidement à leur piétaille où et comment placer Jésus, Marie, Joseph, Siméon, Elisabeth, Eve, Adam, Jean-Baptiste et leurs attributs sur les panneaux de chêne déposés en bordure du petit cimetière.

 

Pendant ce temps, ils s’en allèrent implanter leur quartier général dans le seul lieu propice à leur réflexion : l’auberge du village.

 

Là, ils déroulèrent leurs rouleaux de feuillets, ils étanchèrent leur soif, ils prévinrent leurs pépies à venir, ils égayèrent l’endroit, ils abreuvèrent les habitués et, dans l’urgence, ils ébauchèrent ce qui allait devenir leur emblème : eux-mêmes dans leur activité habituelle, celle de trinquer.

 

Entre deux ritournelles, ils remontaient leurs refrains par les ruelles amusées jusqu’à la collégiale qui, il faut le dire, s’embellissait de jour en jour.

 

Les deux frères burent beaucoup, ils rirent à n’en plus avoir soif, ils troussèrent quelques jupons et accouchèrent d’un trésor.

……….

 

Aujourd’hui, le bourg de Montréal a perdu de sa superbe, de son entrain et de sa liesse commerciale. De la porte d’En Bas à la porte d’En Haut, on peut le traverser sans croiser âme qui vive. Mais le lieu a conservé un peu de son originalité, de son regard narquois et de son esprit joueur.

 

Ici, la marchande de cartes postale dépose ses icônes sur une table devant sa maison. Elle les accompagne  d’un écriteau expliquant qu’elle avait mieux à faire que d’attendre le chaland et que, si d’aventure icelui souhaitait une image, il lui suffisait de l’emporter et de déposer un denier dans la boîte en fer posée à côté.

 

N’en déplaise aux frères Rigolley, l’endroit eut jadis la passion de l’eau et par conséquent celle des puits. De formes polygonales multiples, ils se dissimulent dans les cours, dans les recoins des maisons, au pied des escaliers… Celui qui sait fureter en grimpant vers le sommet du village, saura débusquer leurs margelles.

 

Cerise sur le gâteau, lors d’un de nos passages, elles accueillaient sur leurs rives des rimes riches ou rares qu’il suffisait de ferrer entre le pouce et l’index pour s’offrir un instant de fraîcheur à l’âme.

 

Cette agréable attention pour le visiteur est-elle toujours vivace ?

 

Vivace ou non, la découverte de Montréal s’aborde par le pied qui traîne, l’œil qui navigue et le nez qui furète. Ici, l’esprit des Rigolley, gouailleurs et musiciens, peut se nicher partout.

10/11/2015

 

 

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Photo Papy Adgio - Les frères Rigolley sur une stalle de la collégiale de Montréal (89)

Modifié par Papy Adgio
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