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Brisures


Papy Adgio

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(à Zao Wou-Ki)

 

Par manque de mots peut-être, par trop de maux aussi, un matin l’intense activité humaine déborde de sa toile.

 

Hors cadre, le paysage expulse ses idées noires puis les exsude.

 

Alors, des esprits se brouillent, des regards s’embrouillent, des intuitions se fêlent, des certitudes se fendent.

 

L’intellectualisation des nuances autochtones provoque soudain l’explosion des pigments les plus minéraux. Ils éclatent en atomes d’émois qui irriguent peu à peu le corps et colonisent le cerveau de tons naissants jusque-là insoupçonnés.

 

Sans foi dans l’étincelle possible, la dépression guette.

 

Elle dévale les versants insoutenables de l’abstraction individuelle, se grise à la vitesse du vertige et s’obscurcit l’âme aux friches de la soumission.

 

Elle ne broie plus que du noir, l’anthracite de la démission individuelle.

 

De ces marais humides ne s’extraient plus que des barcasses sanguinolentes aux fonds plats simplement cautérisés par les spasmes de l’abject.

 

Elles coagulent sous les rayons intenses du monde en fusion et des mondes en effusions.

 

Impatientes, elles attendent l’instant fatal et fulminent de l’éclat qui les propulsera vers les liquéfactions sordides d’expériences indécises, improbables et imprécises.

 

Des nuances perverses comme des chants de sirènes irriguent alors le quotidien jusqu’à ramollir les membres engourdis de parallaxes infertiles, infatués et fantasmagoriques. Il faudra du sommeil et encore du sommeil aux engourdissements titanesques du geste intemporel jeté du haut de la falaise vers les flots insondables et ténébreux de l’avenir.

 

Il faudra des interminables chutes libres dans des gouffres anxiogènes pour excaver du vol de la chauve-souris les abords amicaux de la mort.

Chute… Rechute…

 

Puis un matin, des nuances nouvelles s’évadent des vapeurs de vestiges pastel. Fauves, elles feulent à voix feutrée les vocalises pourpres aux pavillons ouverts.

 

Elles osent, se vouent à l’oranger, au parme ou au mauve pour tenter des osmoses de pacotille qui feindraient d’absorber le présent avec un sourire.

 

Elles tentent mais elles se noient, lentement absorbées par les vastes marées moqueuses et versatiles de l’aquarelle.

 

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Photo Internet - Zao Wou Ki - "En mémoire de May" (1972)

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