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Petit Louis


Papy Adgio

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Le soleil de juillet écrase l’après midi d’une chape lourde et blême. On traque l’ombre, on suffoque, on respire à peine.

 

L’haleine, solide, résignée,  s’échappe avec difficulté des corps épuisés. Les mots sont des borborygmes, les plaintes des soupirs las.

 

Malgré cette torpeur universelle, Petit Louis s’agite dans le jardin. Il va, vient, court, saute, trépigne, demande l’heure qu’il est.

 

Il questionne les uns et les autres, impatient de connaître le temps qu’il reste. « Le temps qu’il reste ! », question que ne pose plus grand-père !

 

Question que ne se posent plus les adultes haletants en quête d’un peu d’ombre. Elle est là, disséminée par un horticulteur expert.

 

Et sans cesse au milieu, Petit Louis qui demande l’heure qu’il est, le temps qu’il reste. Car Petit Louis est heureux, ce soir sera magique.

 

Ce soir, on dansera, on fera la fête dans la musique et la lumière. Alors Petit Louis danse sous le saule pleureur éreinté.

 

Des heures passent à suffoquer et enfin, le jour pâlit, rosit sur l’horizon.  Le soir se grise aux flonflons de la fête qui montent au loin.

 

Le bonheur de Petit Louis est à son comble et s’exprime en tirages de manches. Il sait le départ proche et ne souhaite pas qu’on l’oublie.

 

La nuit dévore enfin le ciel pour un festin qui se terminera à l’aube. Petit Louis sautille, soulagé, chantonne et exulte.

 

Son père le soulève, l’installe sur ses épaules et l’on sort dans la rue bondée. Depuis son mirador, Petit Louis surplombe la foule.

 

Il pérégrine sur un océan de corps qui progressent en lames compactes. On approche lentement, on accoste sur un muret.

 

La musique sonne fort, les murs revêtent des images multicolores. Et soudain, dans une explosion de joie, la nuit s’embrase.

 

Scandés de notes vives, des bouquets multicolores éclosent au zénith. Vivaces, ils voltigent sur l’horizon puis disparaissent.

 

Petit Louis s’amuse des pétarades qui irisent les ténèbres. Elles marient les couleurs, s’emballent et plongent vers ailleurs.

 

Il rit des fusées qui agitent le présent aussi vite que la lumière. Il applaudit des deux mains aux nuances de couleurs.

 

Petit Louis ne cesse de répéter qu’il ne voudrait pas que ça se termine.

 

Ça se termine pourtant plus vite qu’on l’imaginait.

 

Près de Petit Louis, un type couleur d’obscurité tire sur sa ceinture. Sans attendre, le feu d’artifice descend sur terre.

 

Il projette dans le ciel des fragments de Petit Louis, des fragments de son père. Il emporte aussi tous ceux les oh ! et les ah ! d’admiration.

 

Il projette aussi celui qui croyait sauver l’humanité de ses flammèches. Sournoises, offertes à Dieu, elles ne meurent pas dans les cieux.

 

Offertes à Dieu qui reçoit des confettis de Petit Louis sur la tête et qui accepte.

 

Certains sur terre voudraient que nous pénétrions ses voies ?

 

Certainement pas grand-père désormais seul dans son fauteuil…

 

  • Pensif 1
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