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Wissant


Papy Adgio

Messages recommandés

 

 

 

Amer, âpre, vertical, épris des embruns de craie volubiles et pâles.

Amer, grise amertume, instant lourd de silence dans l’absence du ressac.

Amers, spectres bicolores, premières minutes de l’aube qui rappellent qu’un cycle peut en cacher un autre.

Amers, étranges tertres sur les hauteurs de Wissant qui crucifient l’attente aux résurrections de l’estran.

 

 

Estran, espace renaissant des espoirs enfantins.

 

 

Des espèces espiègles rient des joutes solaires. Elles jouent les deux pieds dans l’eau à chasser les heures de liesse. Leur enfance s’agite, poursuit des vagues folles. Dans un sursaut d’existence, elle esquisse avec patience un ombilic de silice, fuit, s’enfonce, disparaît puis revit au jusant d’après.

 

 

Estran, intimes marivaudages maritimes.

 

 

Des crabes pâlots quêtent des amours juvéniles. Ils abordent de biais des araignées décapodes. Un alevin frétille et vire dans un reste d’eau oubliée là  par la voracité solaire. Il entame une danse : anémone adulte et l’ermite adultère s’allient pour d’hypothétiques conquêtes muettes.

 

Estran, espace agité des rires adolescents.

 

 

 

Quelques sternes s’irritent, claquent du bec dans le vent. Dans de vives  diatribes, elles chantent à la fête. Elles invitent les amis, s’excitent au futur festin. Elles crient, discutent, critiquent le retour du veau gras échoué sur la plage ; elles s’attisent et s’enflamment au lent reflux prodigue.

 

 

Estran, espace intermittent du spectacle lunaire.

 

 

Quelques Pierrots de pantomime pastichent des danses éternelles. Colombine palpite à des sérénades sombres. Sur les flots qui s’éloignent, des trilles emportent la nuit. Des djinns délavés lancent aux ourses mélomanes de brefs défis musicaux, des mélopées latines, d’anciens refrains enfouis.

 

 

Estran, espace de survie entre étale et tourmente.

 

 

La mer se retirera, immense entre ses deux caps. Nous marcherons alors sur le sol blond encore dur.  Nous continuerons vers Escales aux rides si blanches. Nous nagerons vers Albion pour la défier encore. Vaguement déboussolés, nous pourrions bien arpenter le crépuscule obscur aux roches grises des colères de la Manche.

 

 

Estran, espace narcissique entre aube et brune.

 

 

Il nous faudra grandir, aimer, vaincre et parfois défier. Il nous faudra oser un dessein, esquisse de vie. D’une mine de graphite timide et fragile. De la pointe de la plume, du soin et des formes choisies, résultera la trace épitaphe à notre estran…

... puis, la mer la couvrira.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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