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Bonne nouvelle


Joailes

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J'étais en train de préparer la soupe de la grand-mère et mes idées vagabondaient au milieu des carottes, des poireaux et des navets.

Mon regard toujours s'échappe par une fenêtre ouverte et se pose quelque part.

Les pensées arrivent sur les ailes d'oiseaux inconnus, multicolores, dans le silence.

 

Je pense à un vieil ami qui passe son temps à écrire des nouvelles.

Il les envoie régulièrement à des éditeurs, espérant toujours, sans doute, être publié.

Tout aussi régulièrement, il reçoit des réponses négatives.

Mais il ne s'en offusque pas, il a la foi.

 

Son atelier croule sous les feuillets, des piles impressionnantes tout autour de lui menacent de s'effondrer, et mettent parfois leurs menaces à exécution.

Il y a toujours des tourterelles dans sa cuisine et un chat endormi sur son lit. 

C'est un artiste, avec son air rêveur, ses yeux clairs comme noyés dans une mer très lointaine et son crayon toujours en l'air, comme s'il attrapait les mots en plein vol dans un filet à papillons.

Il m'attendrit.

J'ai envie de le serrer dans mes bras, mais je ne sais pas comment il le prendrait.

 

Plusieurs fois par semaine, je vais le voir et lui apporte un bol de soupe de la grand-mère avec les sus-dits légumes qui débutent mon histoire.

Je ne sais pas si il mange, ni si il dort.

Sa vie, c'est de ne rendre de comptes à personne et d'écrire.

 

Je n'ai jamais vu autant de crayons dans un pot, autant de cahiers sur une table, ni autant de livres en tous sens, aussi libres que lui et dans le même cher désordre.

J'adore cet atelier, où la solitude a pris ses aises et où la poussière vole au soleil en milliers d'éclats d'or.

Le plus souvent, je m'assois sur un tabouret et je promène mon regard partout. Il ne me voit pas, je crois.

 

Un jour, il est venu carillonner à ma porte.

C'était la première fois qu'il venait, j'ai eu peur, j'ai cru qu'il était arrivé quelque chose de grave.

Mais il paraissait plutôt gai. Il avait enfilé, à l'envers, un vieux jogging noir et j'avoue que ses chaussettes bicolores, une bleue, une verte, m'ont envoyé de plein fouet quelques bouffées de tendresse.

Il est entré et s'est affalé sur mon vieux sofa.

Le chat s'est immédiatement lové contre lui en ronronnant.

 

Sa dernière nouvelle avait enfin retenu l'attention d'un éditeur.

Il me la brandit sous le nez et patienta, en totale osmose avec le chat, jusqu'à ce que je la lise.

J'étais émue et flattée d'être la première personne avec qui il avait eu envie de partager sa joie.

Au fil de ma lecture, j'avais une sensation de déjà lu, presque de déjà vécu.

 

Je ne compris pourquoi qu'en arrivant au mot fin.

 

C'était mon histoire.

Il avait réussi à faire de ma vie

une bonne nouvelle.

 

Je l'ai pris dans mes bras.

C'était mon frère.

(J.E. Décembre 2018)

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