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Estelle


Joailes

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J'ai commencé ma vie d'adulte dans la fabrique de chaussures de mon père, intransigeant et riche industriel, parce que c'était exactement ce qu'il avait décidé pour moi. Mes rêves, mes aspirations, il n'en avait cure. 
Dix longues années au milieu des machines, du cuir, de l'odeur des machines et du cuir, à ne voir que des semelles de crêpe, des mocassins et des souliers vernis.
Jusqu'au jour où, n'en pouvant plus, je suis allé m'acheter une paire de chaussures de marche (chez un concurrent), quelques articles indispensables à un long périple, un sac à dos, et que je suis parti globe- trotter.
Je n'ai même pas dit au-revoir à mon père, mais je lui ai laissé mes vieilles chaussures de travail sur son bureau. 


J'ai marché ainsi longtemps, toujours vers la mer, dont je respirais avec délices l'iode et les arômes d'algues.
Cinq autres années ont passé, sans que je m'en rendis compte, à voir des paysages si beaux que j'en avais le cœur serré et les lèvres sèches ; pour un petit provincial comme moi, qui avait été élevé dans l'odeur des chaussures, ce furent les plus belles années de ma vie !
Je me suis arrêté enfin, non pas parce que j'avais des ampoules, ni même envie de m'acheter des pantoufles, mais parce que j'avais trouvé la ville de mes rêves : Cape Town.
Elle se trouve au cœur d'une des plus belles baies du monde, avec des falaises qui tombent à pic dans l'océan atlantique.
Je me suis installé dans une petite cabane de pêcheur toute bleue, et là, mon rêve a commencé.
J'avais déjà écrit des poèmes, j'entamai mon premier roman ; ne vivant plus qu'au gré de ma fantaisie, de mes humeurs et de mon unique volonté.


Un matin, alors que je marchais nonchalamment sur la plage, toujours charmé par la beauté époustouflante du paysage, je m'aperçus que je n'étais plus seul.
Je vis d'abord de longs cheveux d'or et des yeux ... des yeux si beaux et si profonds que j'en restais hébété, les bras ballants et que je me mis à bégayer :

"Qui-qui êtes-vous ?
Elle me sourit, et me répondit d'une voix si caressante que je faillis m'assoir, tant mes jambes ne me portaient plus :
- Je m'appelle Estelle, et vous ? 
- Alain ... que-que faites-vous là ?
- Je nage ...
Mes yeux clignèrent plusieurs fois. Je me pinçai. Je devais avoir l'air tellement idiot ! Je ne savais pas quoi lui dire, je ne pouvais que la regarder, apparition divine dans ma vie solitaire ...
- Vous ve-ve nez-nez sou-sou vent ici ? bégayai-je .
- Oui souvent !
Elle était dans un aura de lumière et je ne voyais que son visage dépasser de l'eau, un visage pur comme la nacre d'un coquillage.

Soudain, un éclair jaillit de l'eau : elle secoua ses longs cheveux comme en une pluie d'or, et plongea.
Je vis très nettement sa queue de sirène, l'eau était si claire ! 
- Eh bien, me dis-je pour ne pas devenir fou immédiatement, ... en voilà une qui n'a pas besoin de chaussures ...

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