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apocalypse prose


Joailes

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Dans ce frémissement

de paupières bleutées

de nuits de sable

quand le marchand

n'est pas passé

 

Dans le halo de la lune

un hibou fait les yeux doux

à une effraie brune

qui se tord le cou

 

C'est si près et si lointain de murmures

et de silences et de musiques

les songes voltigent comme des flocons

aux aurores rares de jours incertains

 

l'âme de la nuit descend alentour

dans la froide plaine où bouboule un hibou

des grenats comme des yeux brûlés

allument d'étranges feux sur l'étang obscur

 

des roses nénuphars aux plaintes moroses

pleurent les libellules mortes

et le bruant des roseaux à la trille monotone

secoue sa tête noire

 

l'horizon disparaît derrière les futaies

qui répandent leurs essences

aux parfums capiteux

le rideau tombe mais le théâtre est fermé

 

les acteurs ne sont plus qu'ombres chinoises

la nuit absorbe les voix

dans son velours lourd et sombre

et les gradins sont vides

 

un lion, un taureau, un homme et un aigle

dessinent l'ange de l'abîme

un nuage cotonneux résiste

et puis la nuit avale tout dans sa gueule de loup

 

c'est un endroit lointain sans étoile

où le trouvère se perd parfois l'hiver

quand il a froid au cœur et aux doigts

écrire est réservé aux solitaires

 

la nuit n'en finit pas il voudrait la maudire

la consumer sur un bûcher

mais aux frissons des citrines jaunes

il ne peut que l'adorer

 

 

(joailes – 21 novembre 2022)

 

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