Partager Posté(e) 11 novembre 2022 (modifié) LE LINCEUL DE VERDUN Le chemin de terre leur découvrit novembre Et la pluie engluait durement chaque pas Sur le front de Verdun dans la boue de la Meuse, Triste morceau de France envoyé au trépas. Sept cent mille soldats dans leur bure humide Aux ordres se lancèrent dans l’ignoble combat. Leurs corps jeunes s’affaissaient avant que les tranchées N’ouvrent grandes leurs béances pour la mère des batailles. L’acier pleuvait du ciel, fabriquait les cadavres, La nuit devenait jour engloutie sous les feux, La terre se saignait, ses paysages retournés Entre mercure et plomb des obus et des douilles. La boue mélangeait tout sous la pluie et les glaces, Les métaux qui fondaient et les pierres en poussières, Les humus noirs brûlés et les chairs putréfiées Des corps des ennemis et ceux de nos pays. Quatre-vingts mille âmes y résident couchées Sans nom, sans village, sans église, sans clocher, Interdisant l’oubli, disparues, déchirées, Ossuaire de l’Histoire, terre linceul sacrée. Le sol sera hostile pour les hommes et le blé. Ils ne revinrent plus sur ces pierres englouties Laissant place aux arbres que l’on a invités Désignés Zone rouge pour veiller sur les âmes. Trente-six millions de troncs vinrent panser les plaies De la guerre des hommes imprégnés de l’enfer, Un océan d’obus et ses labours toujours Pour les chairs qui explosent, les plaies, la mort encore. Havre de paix pour le crapaud sonneur, Le crin du tapissier, les orchidées sauvages, La forêt reverdit, enterre l’innommable, N’engloutira jamais toute la folie des hommes. _______________________ MM/ 2022 11 11 Modifié 12 novembre 2022 par Aubussinne 13 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites Plus d'options de partage...
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