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Un monde de prophéties


Margueritte Cèdre

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Depuis 5 ans, le rituel était le même. À l’équinoxe d’hiver, mes parents m’accompagnaient à la crypte où reposait mon aïeul à la cinquième génération. Ainsi étaient ses dernières volontés. Dernier devin à connaître le futur, il fallait respecter ses écrits.

Je ne savais pas que cette fois-ci ma destinée se mettait en marche. Jeune fille plutôt calme, réservée et rêveuse, grande était mon imagination, je m’inventais des vies, des histoires, des amis, mais j'étais solitaire.

Mes parents me laissèrent seule devant le tombeau. Je commençais ma déambulation autour du sarcophage. Cinq fois dans le sens des aiguilles d’une horloge, cinq fois dans le sens inverse.

Puis attendre. Si rien ne se passait, je devais remonter et recommencer l’année suivante. Mais, à peine avais-je achevé le dernier tour qu’une lumière insondable ensoleilla la crypte.

Je vis les jumeaux…

Exposés à la lumière de l’été, ils regardent les gouttes de soleil se répandre sur leurs corps dodus. Épuisés, comme pour se réconforter, ils se prennent par les épaules. L’inquiétude sur leur visage impressionne les lézards qui se terrent derrière les murs de sable. Au loin comme un son de cavalcade. Une immense tempête surgit embrasant les esprits. Les jumeaux terrorisés se jettent sur le sol. Les gouttes de soleil mêlées aux vents de sable se font de plus en plus ardentes. Bientôt leur corps défait ne fera qu’un avec le monde.

Mais déjà la nuit arrive avec son cortège d’astres d’azur et d’argent. Une fraîcheur enveloppe la terre. Les lézards réveillés par cette douceur et le chant revenu des oiseaux regardent les jumeaux. Leur corps immobile s’offre à la nuit qui déverse sur eux sa bonté. Doucement ils remuent une main, puis l’autre. Ils s’étirent, se regardent. Dans leurs yeux les étoiles.

Elles irisent les gouttes de lune perlant sur la terre. Soudain, un cri rauque. Un immense scorpion émergea du bassin. Il s’avança lentement vers les jumeaux à peine réveillés. La bête effleura de ses pinces leur corps. Aussitôt, ils s’assirent sur leur arrière-train et se mirent à hurler à la lune. Plus personne ne viendrait conquérir le château du désert.

La prophétie s’était accomplie.

 

La lumière se tamisa. Le livre de pierre qui ornait le tombeau s’ouvrit. Quelques mots scellèrent ma vie :

 

Le soleil assombrira le monde

Les jumeaux mangeront la terre

Les étoiles verseront leur fraîcheur

Les pinces du scorpion soumettront les jumeaux à la lune.

 

Des lustres passeront

 

L’enfant-mage s’en ira vers le soleil invaincu

Guidé par les étoiles du désert

Il trouvera la demeure des loups

Boira l’eau de la lune et du soleil

Dans le château du désert

Il forgera l'avenir

Et

S’achèvera la prophétie

Le monde des prophéties

« Chant ultime »

 

Le solstice d’été approche et moi je m’approche du château du désert. D’abord les remparts, puis le grand jardin de sable. Au centre, deux loups de pierre gardent un bassin où l'eau devient mémoire lorsque je me penche. Elle rejoue la vision que j’ai eue dans la crypte.

Lorsque le soleil se couche et que se lève la lune, je m’abreuve au bassin. Dès que les étoiles se reflètent dans mes yeux, le scorpion surgit lentement de l'eau. Effleure de ses pinces la croupe des deux bêtes qui reprennent forme humaine.

Les jumeaux se dirigent vers le château, sans me regarder, comme s’ils attendaient ce moment depuis toujours. Je les suis. Nous traversons des pièces que le temps avait épargnées. Arrivés au sommet de la demeure, une grande salle encombrée de livres, grimoires, parchemins, cartes très anciennes évoquant des contrées oubliées ou qui existeront plus tard. Les jumeaux m’invitent à m’asseoir.

Le silence me pénètre. Les visions commencent.


 

Je décrypte les a-venirs. Seule je dessinerai le monde de mes descendants. Un monde de couleur, de douceur où parfois se mêlera un peu de noirceur, – pour ne pas s'ennuyer – mais si peu.

La prophétie s’est achevée.

 


 

Exposés à la lumière de l’été, ils regardent les gouttes de soleil se répandre sur leurs corps dodus. Épuisés, comme pour se réconforter, ils se prennent par les épaules. L’inquiétude sur leur visage impressionne les lézards qui se terrent derrière les murs de sable. Au loin comme un son de cavalcade. Une immense tempête surgit embrasant les esprits. Les jumeaux terrorisés se jettent sur le sol. Les gouttes de soleil mêlées aux vents de sable se font de plus en plus ardentes. Bientôt leur corps défait ne fera qu’un avec le monde.

Mais déjà la nuit arrive avec son cortège d’astres d’azur et d’argent. Une fraîcheur enveloppe la terre. Les lézards réveillés par cette douceur et le chant revenu des oiseaux regardent les jumeaux. Leur corps immobile s’offre à la nuit qui déverse sur eux sa bonté. Doucement ils remuent une main, puis l’autre. Ils s’étirent, se regardent. Dans leurs yeux les étoiles.

Elles irisent les gouttes de lune perlant sur la terre. Soudain, un cri rauque. Un immense scorpion émergea du bassin. Il s’avança lentement vers les jumeaux à peine réveillés. La bête effleura de ses pinces leur corps. Aussitôt, ils s’assirent sur leur arrière-train et se mirent à hurler à la lune. Plus personne ne viendrait conquérir le château du désert.

La prophétie s’était accomplie.


 


 

La lumière se tamisa. Le livre de pierre qui ornait le tombeau s’ouvrit. Quelques mots scellèrent ma vie :

 

Le soleil assombrira le monde

Les jumeaux mangeront la terre

Les étoiles verseront leur fraîcheur

Les pinces du scorpion soumettront les jumeaux à la lune.

 

Des lustres passeront

 

L’enfant-mage s’en ira vers le soleil invaincu

Guidé par les étoiles du désert

Il trouvera la demeure des loups

Boira l’eau de la lune et du soleil

Dans le château du désert

Il forgera l'avenir

Et

S’achèvera la prophétie

Le monde des prophéties

« Chant ultime »

 

Le solstice d’été approche et moi je m’approche du château du désert. D’abord les remparts, puis le grand jardin de sable. Au centre deux loups de pierre gardent un bassin où l'eau devient mémoire lorsque je me penche. Elle rejoue la vision que j’ai eue dans la crypte.

Lorsque le soleil se couche et que se lève la lune, je m’abreuve au bassin. Dès que les étoiles se reflètent dans mes yeux, le scorpion surgit lentement de l'eau. Effleure de ses pinces la croupe des deux bêtes qui reprennent forme humaine.

Les jumeaux se dirigent vers le château, sans me regarder, comme s’ils attendaient ce moment depuis toujours. Je les suis. Nous traversons des pièces que le temps avait épargnées. Arrivés au sommet de la demeure, une grande salle encombrée de livres, grimoires, parchemins, cartes très anciennes évoquant des contrées oubliées ou qui existeront plus tard. Les jumeaux m’invitent à m’asseoir.


 

Le silence me pénètre. Les visions commencent.


 

Je décrypte les a-venirs. Seule je dessinerai le monde de mes descendants. Un monde de couleur, de douceur où parfois se mêlera un peu de noirceur, – pour ne pas s'ennuyer – mais si peu.

La prophétie s’est achevée.

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