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Je voudrais, je voudrais...


Thy Jeanin

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     Et l’enfant essuyant ses pieds sur le sable blanc, encore mouillé de sel marin, appela le soleil, le soleil derrière l’écran des nuages d’eau grise, le soleil qu’il ne voyait pas ; et l’enfant appelait le soleil derrière ses rideaux de dentelle d’eau d’automne et de givre aux branches de houx vert sur les étangs de feu.

 

     Quelque chose dans le ciel bougea. Il y eut un grand bruit de vent doux, une exquise caresse de beau matin frais rose, puis un rayon de lumière perça la brume, et l’eau des lacs tut son clapotis feutré, bleuie, se blottit contre la terre bleutée, mauve écrin bordé d’écume d’ivoire, et les grands sapins s’agitèrent gravement, inclinant en chœur leurs diadèmes d’émeraude, éblouis.

    

     L’enfant hissait la voile de son jeune corps, le regard avide rivé à l’horizon mouvant ; sur sa chair chatoyante se jouaient les flots des caresses tumultueuses et malicieuses du soleil levant ; déjà dans l’espace se dessinait une flaque de saphir où des fissures grenade engloutissaient des constellations de diamants.

 

     L’enfant tendit ses bras en avant et ferma les paupières en souriant. La lumière et le vent glissaient à de folles vitesses sur sa peau, velours de soie blanche que la terre lui avait donné à sa naissance, finement ajusté à la belle charpente de son vaisseau blond ; en souvenir d’elle, il portait deux disques d’améthyste sur le torse.

 

     Avant de partir, il chantait une prière auprès des pierres éternelles couvertes de la mousse des ans et le soleil, enfin, dans l’immensité, apparut en s’élançant dans une gerbe de sang vermeil.

 

     Alors, un miel fou et succulent, un nectar délicieux, un or plus pur que le chant du vent et la plume du cygne illumina la gigantesque prunelle de la nue sur la mer étale, et sous sa peau, l’enfant sentit palpiter le même précieux sang de lumière qui battait sous sa poitrine et soulevait son sein ; tandis que le vent soufflait dans ses cheveux comme une voile pour l’emmener, lui s’apprêtait à partir sur son vaisseau d’argent et de ses doigts demandait instamment à palper pour le faire sien le rayon du jour qui glorifiait ainsi sa vie, frêle existence éphémère et florale.

 

     Et c’est alors que tout d’un coup le SOLEIL descendit et sous les yeux de sa mère verte et bleue de bonheur et d’effroi, il ravit l’enfant en l’embrassant passionnément dans un tourbillon de neige et d’anges lumineux et l’emporta par-dessus le filet des lacs brodés de pins ; et la Terre sous ses jambes nues aux yeux de l’enfant paraissait un jardin ; puis dans un sourire d’amour où s’ébrouait l’océan, il baisa les pieds et les mains de l’enfant et le jeta sur les flots brillants du jour levé.

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