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Des petits chaussons rouges ornés d'une tête de Mickey


Eathanor

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Sur les bords de la falaise de grès, la petite fille danse. L’océan en contrebas allonge sa langue sur la roche. Quelques rayons lunaires en lambeaux s’abîment dans les flots. Autour des pieds nus de l’enfant, des flammèches poussiéreuses s’élèvent doucement dans les airs. Filaments de lumière, elles dérivent au-dessus du miroir terrestre.

 

La petite fille ferme les yeux. Ouvrant les bras, elle entame une valse avec les vents. Ils viennent lui narrer des histoires au parfum de légendes oubliées, des récits de marins disparus pour convoler avec des sirènes, de navires aux coques vermoulues reposant dans le jardin caché de Neptune. Elle écoute en silence, enlacée dans les bras de son amant d’une nuit.

 

Une femme angoissée arpente les rivages. Elle ne cesse de hurler en vain des syllabes qui vont se disloquer dans la tempête. Sous son bras, des petits chaussons roses ornés d’une tête de Mickey. Elle court le long des sentiers sauvages. Les hautes herbes fouettent ses mollets ; des ronces lui brûlent la peau. Ses longs cheveux défaits ondulent au rythme de sa course.

 

Elle ne cesse de hurler et les syllabes ne cessent de se fracasser.

Les yeux clos, la petite fille continue de se laisser bercer tendrement.

 

des larmes sur ses joues

du sang sur son cœur

un goût de honte dans la bouche

 

Ses lèvres humides s’ouvrent pour embrasser cet amant insaisissable.

 

de la douleur dans son corps

un brasier dans ses entrailles

une éruption stérile en elle

 

Hors d’haleine, la femme court toujours, trébuchant sur les cailloux qui jonchent le sol. Le sentier monte vers les hauteurs. La pluie redouble d’intensité et lui frappe le visage. Pleure-t-elle ? Peut-elle-même encore pleurer ? À travers le rideau tremblant de la réalité, un court instant, elle croit distinguer une vague silhouette.

 

La petite fille a déployé ses ailes. Elle est en partance avec son nouvel amant. Elle se retourne, regardant derrière elle une silhouette qui s’approche trop vite. Elle ne veut plus de cette ombre qu’elle vomit par tous les pores de sa peau martyrisée. Son regard se porte vers l’horizon. Prenant son cavalier par la main, elle saute.

 

Elle entend son père rire à gorge déployée.

 

Seule au sommet de la falaise, une mère fixe, horrifiée, le corps fracassé de son enfant. À ses pieds, tombés sur le sol détrempé, des petits chaussons rouges ornés d’une tête de Mickey.

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