Partager Posté(e) 23 janvier 2022 (modifié) Quand je suis retourné le soir à la cambuse Il y avait Jojo, joueur de cornemuse Et la belle Lulu avec ses seins en poire Lors que notre chaland à fond plat sur la Loire Remontait le courant et que par-dessus bord La truffe de Bousquet reniflait, quel cador ! Avec la fin du monde et le feu du covid Sur notre arche bénie, malgré la mort avide, Du bâton de Berger et d'un rosé d'Anjou Qui coulait à grands flots et nous rosait les joues Nous chantions en plein chœur du Jean-Sébastien Bach Tandis que nous croisions à bâbord un vieux bac. Cette ultime croisière en cette nuit terrible, — Apocryphe il est vrai au regard de la Bible — Avait je ne sais quoi d'un relent dérisoire Loin du Paris natal, rue de la Tombe-Issoire. Mais par ce presque rien de vie qui résistait, Trois humains et un chien du déluge riaient ! Et le génie de l'eau intercéda pour nous Auprès de son patron, un dieu toujours jaloux Qui m'appela Noé, moi qui me nommais Marc Comme s'il eût voulu y imprimer sa marque Et d'un seul coup, d'un seul souleva le bateau De son souffle divin en un fameux tableau. Il faut imaginer que ce poisson volant, Cet hydroptère fou sur le fleuve dément S'émancipait du flot et poussait à la transe Ces quatre survivants d'une Terre au goût rance Que les orgues du ciel en basse continue Sollicitaient d'enfer au paradis perdu. Les mânes de nos morts accueillirent enfin Nos corps bien conservés grâce à leur pied marin Jusqu'à ce que les eaux se retirent du globe, Car il nous incombait de dissiper l'opprobre Pour repeupler la sphère et tous ses continents Au risque d'un désir par trop incontinent. Modifié 23 janvier 2022 par Marc Hiver 8 4 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites Plus d'options de partage...
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