Partager Posté(e) 22 septembre 2021 Mange ta soupe petit J’ai bien dormi mais le rêve n’est pas venu, Les lueurs encore timides du jour, enfin, se déshabillent, Dans le ciel les nuages semblent s’être perdus Se disputant le vent au-dessus de la ville. Encore une journée à dévorer, de tout mon être, Jetant mon corps au gouffre du temps pressé, A regarder sans crainte par la fenêtre Un peu de moi, doucement, se déverser. On m’avait dit, mange ta soupe petit, Mais je n’aimais pas la soupe, non, pas la soupe, J’ai l’impression que tous ces gens ont menti Car en me regardant, pas besoin de loupe, Croyez moi, mes amis, j’ai hélas bien vieilli, Le geste moins précis, un peu lent, Quelques rondeurs, enfin, de bonhomie Attestant quelque usure au dedans. J’ai bon appétit, certes, bonnes gens, Mais pour ce qui est des choses de l’amour, Je vous confierai, ça fait un bon bout de temps Que le désir n’a pas vu le jour. Jadis, je courais plus vite que le vent, Montais aux arbres, sautais entre les rochers. Partaient mes rêves avec ce cerf-volant Qu’un copain d’école un jour m’avait prêté. Mange ta soupe, m’ont dit ces braves gens, Mais c’est bien le temps que je mangeais, La preuve, toutes ces douleurs me tiraillant, Me regardant d’un air stupide, sans intérêt. J’ai bien dormi, hélas, trop sans doute, Et le temps a mangé ma soupe froide. Je n’ai rien compris sur ma route Et voilà mon corps qui lentement se lézarde. J’ai bien appris, mais un peu plus tard, Que manger sa soupe c’était aussi se taire, Mettre un peu l’enfance au placard Et l’innocence au vestiaire. Sur ma route j’ai vu passer le temps, Il était gai mais avait l’air pressé, Il m’a dit je m’excuse mais j’ai peu de temps, S’il vous plait, laissez-moi passer. 11 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites Plus d'options de partage...
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