Heurose au jardin des fantasmes

[Jean Luc]

Les mains pleines d'été, je coquelicote de joie, je bleuette l'amertume, lorsque chaque matin le lys jaunit bellement quand la laideur recule. Sous des projecteurs de pollen, la rose nue chante l'amour au cœur du monde, le jardinier taille un rosier comme s'il écrivait un poème sur la beauté.

Ô marguerite ! cheminée souple à vapeur blanche, dont le vent éparpille des nuées de pétales.

Ô la marguerite-balançoire du petit scarabée tombé, s'agitant à l'envers sur un ciel de terre.

Ô bleuet tourbillonnant dans la brise légère ! moulin à pollen de la vie.

O fleurs jaunes des neiges ! solides jonquilles, vous, belles dédaigneuses des nuits froides, fièrement vous vous dressées sur les crocus blancs qui fleurissent dans un vase de glace.

Dans le clos qui verdoie après le sentier terreux, contre l'abreuvoir qui déborde en pleurant des médaillons brillants sous l'averse, la grande mauve protège la petite campanule à peine éclaboussée.

Couchée à l'abri sous la fraîche charmille, Heurose* la Chantante, la digitale fane sur ta peau, jalouse de tes lèvres d'opium et de tes bras d'extase. Chaque nuit l'étoile de ton œil guide mes rêves sensuelles.

 

 

 

 

 

 

 

 

*Qui est la belle Heurose ? Elle est la fille heureuse au sein de rose.