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Penthésilée


Banniange

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Que la lune sanglante abreuve de ses larmes,
Les sillons ténébreux de mon coeur ravagé,
Ah! Passion dévorante aux redoutables armes,
Pourquoi mutiles-tu celui qui fut aimé?

 

Le magma débordant où grondait mon amour
Nourrissait ma haine de n’être  qu’un seul corps,
Le jouet de désirs où rugissait la mort
Et sa meute assoiffée sous l’oeil dur des vautours,

 

Eros, n’es-tu donc que le masque mystifiant
Du démon Thanatos aux étreintes mortelles?
Nous servons sans savoir son dessein malfaisant
D’exterminer furieux les rêveurs qu’il appelle,

 

Dans mes transports, qu’étais-je, une louve féroce,
Fascinée en secret par le veneur triomphant,
Une tornade en rage aux sifflements atroces
Qui apaise son ire en broyant des gisants?

 

Tumulte de mes sens, esclaves d’une idole,
Ton regard d’agonie brûle mon sein blessé,
Que ne puis-je écorcher ton visage comblé,
Tu te crois donc vainqueur? j’inverserai les rôles!

 

Fatal sortilège, me voici enchaînée,
La reine des Amazones,  déshonorée,
Je suis Penthésilée, la fille des Gorgones,
Farouche guerrière que n’a vaincu personne!

 

Un seul de ses baisers et je serais perdue
Somnambule enfiévrée en proie au mal de lune,
Sans défense, livrée aux appétits nocturnes,
Mon nom incinéré sous la flamme éperdue,

 

Pourquoi faut-il aimer ce qui fait tant souffrir,
Pourquoi faut-il souffrir de ne savoir aimer,
Aime-t-on ce miroir où nous contemple l’autre,
Est-ce l’amour de soi qui se prétend le nôtre,

 

Car aimer l’autre en soi, n'est-ce pas se haïr?
C’est vouloir être toi, c’est vouloir ton désir
Mais ce moi ne veut pas se laisser envahir,
Il n'y a  d'autre choix, l'un devra donc périr,

 

Pauvre Achille à mes pieds, te voilà, trépassé,
Lacéré, morcelé, en sanglante charpie,
Car, il ne fallait plus que je sois éblouie,
Envoûtée à jamais par ta divinité,

 

Que seraient devenus nos émois élogieux
Dans la fragile union de notre dissemblance?
Les images lassées de sosies trop envieux
De cette altérité où renaît l'espérance?

 

Le désir est désastre et la passion funeste,
L’amour est un mirage où se mire la mort,
Que ce glaive vienne m’apporter réconfort,
Qu’enfin auprès de toi, infiniment, je reste!

 

Librement inspiré de la pièce de Heinrich Von Kleist.

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