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Ombre portée aux nues, la poésie


O Salto

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Ombre portée aux nues, la poésie

 

Les vers leur sortaient de la bouche comme récolte sur l’engrais

la semence inclut le cri, le poète l’oubli

il âpre quelques racines sur les pierres aux pervenches

qu’effleurent les âmes en partance des saules rompus

il marche sans repère et se perd et se pend

les mots sont maigres à grimper ses paupières

la cadence est fière, le soleil hennissant

le souffle attelle ses derniers fers sur l’épure

ainsi que l’orgueil trempe au solstice d’aimer

 

Sur les galets je battais la toile foutre de mon ombre

pour qu’elle vienne claire comme une fiancée

je risquais ses pendants de rivière aux gorges des ramiers

fleurs et chants aux branches blanches des saisons

pour qu’elle trouve la maison

j’effaçais les laissés roturiers sous les bêtes la faim

et comblais de vergers les ravins de mes yeux

qui brûlent l’huile de mes reins sur un coin entêté de moisson

jétais l’empereur, j’étais le rossignol

 

Je rêvais qu’on ait laissé dans l’herbe des miettes à rire

et qu’on s’en soit allé s’asseoir sur le banc

où les pivoines comblées de présent se penchent

regarder les hirondelles s’essayer à leur nid le jour baissant

je chassais les autours d’envergure

de l’arbre bafoué qui abrite à trois pattes la table et le grand lit

quand les creux m’emplissent cœurs et biens de bohèmes

et pour finir sous les étoiles fatiguées des voyages savants

relie les corps célestes à la phénoménologie de la treille

 

J’avais tout préparé, n’est qu’à poser le pied

je postais des cages d’or où tu doutais de l’amour

et moi j’écorçais tes poèmes en remontant les rives du ponant

je tournais dans les pages des moulins

une lampe à la main j’ai dansé sur les murs du jardin

je ne suis plus que l’ombre de moi-même

à mon ombre tu sais je me suis attaché

vole hirondelle ma tête bleue les mots dévorent

doigtée la pluie finement sur un papier reflet de lune verdira

 

 

 

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