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Le train des peut-être


Eathanor

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Le train des peut-être sillonne l’espace. L’homme a pris son aller simple dès la naissance. Aucun retour en arrière n’est possible. La cheminée de la locomotive vomit un épais nuage de fumée, émanation de nos doutes qui nourrissent ce monstre infernal. Prisonniers dans des wagons rouillés par le temps, nous fixons tristement les fenêtres. Un morne paysage défile. De temps à autre, un troupeau de lubies relève la tête et regarde passer ce convoi vers nulle part. Le contrôleur s’est assoupi à l’arrière. Cela fait longtemps qu’il ne contrôle plus les passagers écrasés sous le poids de la légèreté de l’être.

 

Sur les rails du destin, nous attendons. Mes grands-parents occupaient les sièges voisins. Aujourd’hui, quand je tourne la tête vers leurs places, elles sont vides. Quelques araignées tissent la toile de mon chagrin surfait. Mes pleurs sont fossilisés, vestige d’une époque reculée. Demain, ce sont mes parents qui quitteront leurs sièges. D’autres passagers fixent également des fauteuils recouverts de poussière. Ils y dessinent d’une main tremblante le souvenir d’un proche parent parti nourrir les entrailles du train. Le temps qui s’écoule, par strates successives, efface vite leur souffrance.

 

Le serveur passe dans le wagon. Les plateaux-repas sont servis aux voyageurs. Une tranche de gigot d’espoir, bien saignante pour ne pas se voir soi-même saigner, accompagnée d’une grande tasse de mélancolie. Les têtes sont penchées vers la table ; les doigts se saisissent de la pitance. Chacun mange en silence pour ne pas troubler son voisin. Une queue se forme devant la cabine toilette. Ceux qui rentrent ne ressortent que pour aller nourrir la machine.

 

Ils ont régurgité leur repas, divorçant définitivement avec la (sur)vie.

Les cheveux blanchissent ; les pattes d’oies apparaissent ; les rides nous flagellent le corps et toujours nous attendons. Et toujours le train des peut-être sillonne l’espace.

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