Le virtuose ruisselant

[Lôbtue]

Et gémit ta trompette

Puis s’essouffle, fêlée.
Scintillent les notes lentement

Comme des perles d’eau qui rient,

Au bout de longs doigts fins,

Brèves et claires, limpides, légères.

Fluide bouquet de bruits, tissu de vertiges,

Tous les spasmes de l’onde ennoués dans un prisme,

Long nœud de grâce entre les touches ;

Balancé sans rebond, buvant les brises,

Dérive à flots celui qui vibre.

Glissade labyrinthique sur un gouffre de jade ;

Coulant, facile, ondulatoire, sur de fraîches lueurs

Il s’efface.

Une fourrure ondoyante enveloppe la salle ;

Sombrer dans sa chaleur, caressé...

Reconnait la quasi-apesanteur des choses noyées,

Puis s’abreuve à nouveau ;

Iridescences du solfège, ruisseau émietté :

Une pluie de pâles gouttes,

Avalée tout entière.