Et puis il y a les cités roses ...

[Joailes]

Au cœur des cités, le ciel rétrécit en petits rectangles, tous collés les uns aux autres, un peu comme un puzzle dont il manquera toujours quelques pièces, parce qu'ici, il manquera toujours des morceaux de ciel, des morceaux de soleil et puis les étoiles bien entendu. 

L'atmosphère est palpable, ce n'est pas un endroit pour se promener, il n'y a que du gris, du sale, du noir avec des façades en carton et de grosses poubelles qui sanguinolent longuement sur les trottoirs, des fois il y a un bout de soleil mais il repart dégoûté et puis des aliens, je sais,  vous allez encore dire que je fabule, mais je vous assure, j'en ai vu en vrai. 

C'est un drôle d'endroit, comme un parking mais pour les gens,  on voit bien que quelqu'un a voulu faire joli au départ, mais que ses efforts ne sont plus qu'odeur de sueurs inutiles, les arbres plantés ici ne sont que des troncs pour faire pisser les chiens, d'ailleurs il n'y a pas de fleurs, comme si les jeunes qui vivent ici préféraient le dépouillé 

S'enfoncer dans une blessure béante, un cri gigantesque, regarder et voir et puis la vue rétrécit et c'est pour ça que les tours de la cité se touchent, se tiennent bien chaud ; illusion d'optique dira-t-on , encore quelqu'un qui ne voit rien, enfin les gens ils sont comme ça ils disent des choses et ne s'en souviennent plus et disent tout le contraire 

il me semble que je suis loin … loin, sur une planète dévastée déjà aux trois quarts, je ne vois plus ma soucoupe, j'espère que je pourrai rentrer sur ma planète, mayday mayday ...   même si c'est la même mais à mille lieux d'ici, 

attention le temps ne vous fera pas de cadeau et puis que vous soyez aliens ou pas, n'oubliez pas qu'il suffirait de moins de … et de plus de ... 

Je sentais bien que les mots de quelque piètre Baudelaire comme moi n'avaient pas trop d'écho  et je me suis tue,  j'avais l'impression de parler à un mur, enfin pas facebook mais un mur quand même, pas mieux  et puis j'avais envie de prendre mes jambes à mon cou, mais je ne suis plus assez souple. (enfin bien contente d'avoir mis des baskets et d'y être à l'aise de surcroît.)

Alors j'ai écouté leurs mots,  oui c'est vrai,  ce sont des mots aussi, mais ils ne véhiculent pas un message que j'ai pu décrypter dans l'immédiat, il y a beaucoup de rap et puis de rappe-tout,  enfin je ne vais pas m'étendre et surtout pas ici, je ne me relèverais pas. 

 

soulagée quand même d'être rentrée intacte chez moi et comme je n'en menais pas large je me suis garée tout de suite avec mon petit yaourt et là commence la douceur …

un yaourt … avec beaucoup de sucre …

et regarder les cités roses du désert d'Arabie …

 

ça y est, Aladin arrive,  il klaxonne du tapis,

ô comme il est beau !

C'est ma nuit,

lui, il a les mille autres,

alors je vous laisse, pas une seconde à perdre  ..! 

 

 

** texte écrit après avoir été "obligée" d'aller visiter une personne dans une cité dite "chaude", une vraie cité,  et avec la joie de me retrouver ensuite dans ma cabane au fond de l'automne, tout au fond ! 

(Septembre 2018) 

 

Modifié 25 septembre 2018 par joailes