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un nom au bout d'une plume


Joailes

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Je suis entrée dans une librairie ô, quel bonheur !

Ô cette odeur de livres,

Ô ce palper du papier !

Il n'y avait que des recueils de poèmes !

avec un nom - pas un pseudo - un nom !

 

J'ai dû me cacher derrière un grand rideau, celui qui sent bon le velours rouge, comme au théâtre, pour cacher mon émoi  !

J'étais heureuse de rendre à mon père le nom qu'il m'avait donné, là en lettres d'or, sur des étagères.

Son nom ! Il s'affichait partout, et je l'ai bien senti, de tout en haut de l'affiche, il était heureux !

A part que le prénom qu'il y avait devant, c'était le mien !

Lui qui ne m'a jamais rien dit, je crois qu'aujourd'hui il me lit parce qu'il a autre chose à faire que s'occuper de lui.

je n'attendais que ça, mais avant, je ne comprenais rien et puis aujourd'hui je comprends autrement, et papa je l'aime toujours ;

je lui pardonne, c'est un artiste

et il avait plus d'expérience que moi,

en plus il avait un uniforme

et je trouvais ça très classe 

la plume me triturait les tripes, ô combien m'a-t-elle transpercée

de son aiguillon douloureux

et puis il fallait garder

entre marteau et enclume,

entre manque de papier ou de plume,

pour la prochaine fois.

Je devais retenir le flot

comme un cheval fou

au pas au trot au galop

mais c'est qui

qui décide

et puis il y a eu la vie,

encore étouffer et retenir

jamais rien à dire

et puis au plus fort de la lame

celle qui engloutit

marée basse, marée haute, marée basse

le tournis,

mais écrire encore

ton nom, papa, n'est pas connu

ni par tes dessins, ni tes peintures,

c'est juste dans mon cœur qu'il trouve sa place,

Et mes pauvres mots,

qui ont perdu leurs virgules,

leurs points

leurs majuscules

et tout ce qui ponctue le temps

tu les lis,

et je reste minuscule

encore plus face à mes rêves …

 

ô papa tout explose

j'écris de la prose !

Merci d'être venu, ce soir.

Modifié par joailes
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