Partager Posté(e) 21 novembre 2020 J'ai entrouvert mes ailes blanches Dans un jardin abandonné, L'aurore se mouillait la frange Cherchant ses étuis de rosée. Tout n'était que miel et romance, D'oisifs rayons se chahutant, Tu volais à moi...Quelle chance ! Par les rayons du jour naissant. Toute parée de joies secrètes, Fardée d'azur évanoui, Tu m'as dit : -"viens sous les clochettes !" En un éclair je t'ai suivie... Un ruisseau badin et flûtiste Qui enlaçait toutes les fleurs, Nous invita sur cette piste A tournoyer la trompe au cœur. Et nous dansions, dansions sans pause, Glissant sur des mets raffinés, Et nous nous cachions dans les roses Lisant leur lettre de cachet. Que de parfums dans ce solfège ! Que de baisers en nœud coulant! Nos fards couverts de sortilèges Se mélangeaient innocemment. Nul n'aurait affaibli nos ailes Portées par les jeux de l'amour, Midi babillait de plus belle, Le ciel était bleu au long cours. Qui aurait brisé nos antennes Dans cet enclos de paradis ? L'éternité la plus sereine Semblait nous garder à l'abri. Et le vent fit parler la menthe Après la sieste des souris, Mais croire ou non aux odorantes Fut le dernier de nos soucis. Mieux, l'herbe nous flattait d'éloges, Et nous pensions qu'à nous aimer... Mais s'embrasser les yeux fermés Redonnait du souffle aux horloges. L'ombre tirait sa couverture, La jolie menthe au bord de l'eau Vit le soleil et son fardeau Partir pour d'autres aventures. Au loin, résonna une cloche, L'abeille prit son lourd panier, Alors que nous deux fous alliés, Nous oubliâmes cette encoche... Nous restions là à nos baisers, Encor sucrés, toujours torrides, Sans nous douter que cette ride, On l'appelle "fin de journée". Oh ! Se perdre ou ne plus se voir, Quelle inconcevable détresse ! Or, sur nos plus lentes caresses, L'heure courait à son devoir. Le crépuscule menaçant, Pareil à la fièvre impudique, Piqua les fleurs d'un sceau tragique, Froissant nos ailes dans le vent. Soudain nos corps furent saisis De picotements plutôt louches, Et un dernier tour sur ta bouche Piégea ce bal d'un rideau gris... Poète ! Ami des papillons, Si tu découvres inanimés, Dans ta prochaine cueillaison Nos deux cœurs ainsi accolés, Vois ce que nous avons vécu, Fruit d'un souffle, un rêve d'amour, Un court extrait interrompu De ce qui meurt, renaît un jour... Ton cœur gémira pour savoir Si c'est un signe ou un hasard, Ce délicat joue contre joue Déposé entre chien et loup. En vérité, je te le dis, Ce sont les anges des prairies, Quand leurs baisers s'en vont au loin, Nous chutons par deux dans les foins. Nous ne savions pas... 10 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites Plus d'options de partage...
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