~ Les commentaires sur les sujets sont uniquement visibles des membres de notre communauté ~
Rechercher dans
  • Plus d’options…
Rechercher les résultats qui contiennent…
Rechercher les résultats dans…

Doit contenir au moins 3 caractères.

Aller au contenu

Se dire


Polymathe

Messages recommandés

 

Abruptement j'ai compris que la création artistique est le plus privilégié des espaces de liberté. Si l'on fait abstraction des technocrates et des censeurs du bon goût qui font professions de contremaîtres de ce qu'il convient de dire ou faire, on peut tout bonnement tout faire.

Tout faire comme accoler les mots sexe et maman si on le veut, ceci dit par pur exemple, mais encore être et s'être. L'artiste tel que conçu sur cette base est l'ordonnateur des possibles, celui qui dans l'abstraction du tout pensable va tracer le chemin du sens, apporter dans le chaos de l'infinité des formulations concevables la « révélation » de l'intelligibilité.

C'est une œuvre qui va fixer son identité : tout ce qui lui est intellectuellement accessible, un peu comme un Narcisse qui se sculpterait lui-même. Allons-y et disons-le, il va user de cette substance pour faire un selfie de son âme.

 

Quelque pauvre que soit cet homme, il a toutefois accès à tous les phonèmes qu'offrent les langages, auxquels s'ajoute s'il le souhaite la famille disparate des néologismes. A ce titre, riche de ce potentiel, il mérite d'être nourri et logé en l'honneur de son humanité. Il mérite, ce pauvre, un combat politique mais surtout spirituel pour lui ouvrir l'accès à lui-même et à son irréductible singularité, en tant qu'il est dans son humble condition une richesse indispensable au monde.

Ce n'est certes pas là une réflexion de banquier qui lui se démène avec des barèmes exsangues et distribue vie et mort au gré de sa libido économique. Je parle moi une langue d'homme, je ne chiffre pas le vivant pour le réifier et le réduire à de honteuses commodités pécuniaires. Il s'agit de mon coté d'une toute autre histoire que de cette utopie somptuaire du progrès encombré de tout un bric-à-brac de prothèses et de bidules assommants qui ne font avancer l'âme de quiconque vers quoi que ce soit de plus vivable.

L'artiste est logiquement en révolte s'il a l'être pour objet, et non l'objet pour être, ce qui est le propre du politique, farci qu'il est d'obsessions présentées pompeusement en objectifs grandioses pour en masquer la bassesse.

L'art est à chacun qui croit suffisamment en son humanité pour faire le travail de l'enfanter jour à jour, comme la silhouette gracile que l'on délimite dans la masse brute de pierre ou de bronze. L'humanité nous est échue sous sa forme potentielle, il relève de notre responsabilité de la porter si possible à son zénith, travail dont les computeurs économico-politiques de toute espèce sont totalement incapables. Cette guerre de toujours entre être et avoir n'a pas cessé. Tout au plus noyé dans le tintamarre des slogans politico-publicitaires, on ne peut plus qu'avec peine percevoir la petite voix enchantée qui remonte de toutes les enfances avec ses fantaisies naïves et ses craintes métaphysiques, parce que le tambour des porcs étouffe la chorale des justes.

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

×
×
  • Créer...