Partager Posté(e) 16 octobre 2020 Longtemps je cherchai ton tombeau. Dans de vastes cimetières, j'errais longuement parmi d'archaïques sépultures et de récentes tombes fleuries ou désolées. Dans ce sinistre cimetière de campagne, où mes pas me portent aujourd'hui, je sais que la cruelle évidence de ta mort me sera révélée. J'aime les cimetières, il émane d'eux de puissantes vibrations de paix et de sérénité propices à la méditation. Mais, le grand rectangle désolé, entouré de murs tristes et gris que je découvre en franchissant cette grille entre vivants et morts, me plonge dans une inhabituelle tristesse. Aucune végétation ne vient réchauffer cet espace envahi de marbre. Pas même quelques arbustes pour caresser de leur ombre ces anciennes sépultures noircies par les ans, ou adoucir de leurs jeux de lumières les dalles glacées et impersonnelles. Une large allée rongée par les herbes rares me conduit tout au fond de ce triste jardin jusqu'au tombeau où ton nom est inscrit en belles lettres d'or. Ton identité a été respectée et j'en éprouve une naïve satisfaction. L'exécrable plaque en céramique avec son insipide inscription n'a pas étés évitée. Moi, j'aurais aimé que ton corps soit uniquement recouvert de fleurs! Mes yeux restent longtemps rivés sur ton prénom que j'ai si souvent prononcé avec amour. Devant ta sépulture, l'indicible silence me pénètre et me renvoie à l'image de l'adorable adolescente qui m'ouvrit la porte de son coeur et m'offrit ses dix-sept ans. A quelques pas de moi, un homme, seul visiteur du cimetière, tient à haute voix un long discours devant une tombe fraichement creusée. Cette scène, tragi-comique, me fait prendre conscience de la vanité de ma présence en ce lieu. Non! tu n'est pas couchée sous cette lourde et froide dalle de marbre, et déjà...C'est dans mon coeur que ta présence est établie à jamais. Et c'est là que je peux te retrouver et communier avec toi dans l'éclat de ton éternelle jeunesse. Mais je respecterai ma promesse et je viendrai, de temps en temps, déposer sur ton corps incertain, cette rose rouge symbole de l'unité de nos âmes. Son éclat, rayonnant sur le marbre clair du tombeau, perpétue la fleur de sang qu'autrefois mes lèvres, avides de ton corps, imprimaient sur la tendre blancheur de ta gorge. Pénétré de cette énergie libérée par le travail secret de la tombe, submergé de paix et de sérénité par cette mystérieuse union, je m'éloigne de ce lieu magique où se poursuit la mutation des éléments instables de ton être, en vibrations de lumière. 2 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites Plus d'options de partage...
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