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Retour au pays des dunes


Ouintenabdel

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Sur les sentiers forestiers, je chassais l’ennui en attrapant des papillons aux couleurs bigarrées.

Au faîte des coteaux, je tendais mon visage aux caresses des doigts ouatés du zéphyr.

Au clair de lune,  je chantais les douceurs de la nuit.

Je flirtais avec l’onde écumante des étangs où poussent des nénuphars.

Je traversais de singulières  rivières, cours d’eau  insolents qui serrent dans leurs bras le corps des vergers  indolents.

Je dansais sur des  vagues en furie.

Je faisais main basse sur les opales de la mer ;

Je cueillais à pleines mains des coraux pourpres, joujoux des jardins abyssaux,

Et j’attendais que Vénus sortît des flots.

Un jour cependant, fi des paysages des régions du Nord, je décidai sans pincement au cœur ni remords

De regagner mes pénates en plein désert, au diable vauvert.

Cap alors vers le Sud.

Je me mis à crapaüter par monts et par vaux.

Au bout du voyage du retour au pays,

Une étendue de sable,

Des palmiers, un oued asséché, des puits presque taris,

Des tombes simples, sans nom,  sans fleurs, sans fioriture qui dorment du sommeil

Du juste.

Au loin, des maisonnettes de blanc chaulées.

C’est là-bas que j’étais né.

Notre galetas n’était plus qu’à un jet de pierre.

Je me précipitai et me voilà devant notre masure noyée de soleil.

Je franchis le seuil.

Sur la pierre silencieuse du patio, je fis fervemment une prière.

Génuflexion et prosternation.

Sur cette même pierre silencieuse, polie par le sable incandescent

Vint se poser  l’oiseau babillard du désert, sans doute pour saluer mon retour.

Maison peuplée de souvenirs.

Niches creusées dans les murs passés à la chaux vive,

Dans l’une d’elles, le nid douillet d’une tourterelle.

Dans une autre niche, sommeille un vieux manuscrit, un recueil de vers d’un poète du désert, devenu aveugle pour avoir trop lu et trop écrit à la lueur blafarde d’un quinquet. 

J’ouvre le manuscrit,

Et comme par enchantement, j’y vis en pensée, des oiseaux qui traversent le ciel, des fleurs qui éclosent, des étoiles qui scintillent, des chameaux qui blatèrent, des chèvres et des brebis qui bêlent, des laitières qui barattent  le beurre, des houris qui paradent au paradis, et que sais-je encore !

Un escalier en colimaçon.

Je montai à la terrasse, et  par-dessus le mur crénelé : je découvris de visu  une image presque effacée de ma mémoire :

Une mer flavescente, figée, piquetée de verdure : des palmiers, des citronniers, des figuiers de barbarie, des grenadiers, des arganiers, des séguias où coule une eau cristalline serpentaient parmi les sables…

Soudain, j’entendis des chants qui s’élevaient vers le ciel serein. Un chœur époustouflant !

Là-bas, au loin, à l’ombre d’un arganier, faisant cercle autour d’un griot, de jeunes choristes vêtus de laine et de candeur chantaient a capella des vers du poète du désert atteint de cécité à cause de la mèche d’un quinquet.

 

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