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O Salto

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J’ai chanté l’aube quand elle haubane

les draps maculés de la nuit

que ferai-je du roseau de mes jours !

et célébré le soir qui s’en venait pieds nus

hisser la dernière barque

sur la pointe du silence

où sombrera l’oiseau velours

tous les poètes font ça

qui ne veulent résister à l’amour

quand la beauté mue désirante

il y a tant de mots pour la parer

des voiles de l’ivresse la vertu

tant de mots pour la déshabiller

sous le clair léger de la tristesse


 

j’ai parlé les bêtes les troupeaux

les hardes les hordes les nuées

les solitaires feuillant la nuit

j’ai parlé pour les âmes blessées

tombées dans les rets les combes

les rus déserts ou sous les sacrifices

même celles qui s’abreuvent dans le ciel

léchant le pelage du répit

où qu’elles s’abattent

élytres incrustées dans le bitume

j’ai parlé pour toutes les bêtes


 

j’ai couvert les arbres la nudité

les bras bleus de l’hiver

les coups de cœur les nœuds

les blessures des voyages

tant dévorés d’automne

et de planches brûlées

sur les scènes d’infortune

et bien sûr les racines mêlées

laiteuses de terre natale

et ceux restés muets après l’hiver

de rêve aux couleurs tropicales les totems

tam-tams scarifiés d’improbables promesses

acres fumées sur les bûchers


 

j’ai chanté ma rivière en courant

de village en village

ce ruisseau d’écorche entre les ronces

et les cornes des vaches brunes les frayères

où bondit l’arc en ciel fil argent

et quand elle lace d’autres rivières

dans les fluences incertaines

qu’elle escalade les flots de lumière

ou qu’elle rentre à la maison

le ventre gros et la disette

j’ai parlé de tous les diamants


 

j’ai parlé les grues les ailes les chants

les oiseaux de Cadou les papillons de Khlebnikov

les chevaux rouges de Paradjanov

j’ai parlé de la mer quand elle veille

ondoie levantine

ou qu’elle se donne tant de mal

roule avec les noyés cheveux défaits

le tango d’un dernier patin

coulé dans le sable la nausée

frontière septentrionale de la tendresse

j’ai parlé les allers-retours les grands larges

et les vents de marées ouvrières


 

j’ai halé le filet de mes rêves

contre tant de saisons

la poussière nomade la nuit des temps

mes tempes battues de sang

traversé les tribus de pierre

levées sur la montagne moissons de titans

moudjahid et sannyasin

ermites à l’encolure des vents

et les sépultures calcinées des chaumières

dans les déserts les jardins suspendus

de la discorde le pied dans la fourmilière

mes chansons de rue pour les villes à vendre

les mains pleines de désespoirs

et le vin des raisins d’ambre sur sa poitrine

blanche ce sang qui m’ensorcelle

j’ai serré contre moi ma sœur de lettres

les particules éclectiques

j’ai serré toutes mes sœurs

mes frères aussi finalement


 

j’ai joué à la guerre pour de vrai

avec les enfants

je les ai aimés jusqu’à la corde

à rire et à sauter à en pleurer

et je suis reparti avec eux

les bons et les méchants

chercher un autre monde


 

ma main court sur un printemps inavoué

il me reste des fruits dans la boîte crânienne

que l’automne pressera contre mes lèvres

lorsque l’été se retire enfin des estives

 

 

 

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