Partager Posté(e) 17 août 2020 J’ai chanté l’aube quand elle haubane les draps maculés de la nuit – que ferai-je du roseau de mes jours ! et célébré le soir qui s’en venait pieds nus hisser la dernière barque sur la pointe du silence où sombrera l’oiseau velours tous les poètes font ça qui ne veulent résister à l’amour quand la beauté mue désirante il y a tant de mots pour la parer des voiles de l’ivresse la vertu tant de mots pour la déshabiller sous le clair léger de la tristesse j’ai parlé les bêtes les troupeaux les hardes les hordes les nuées les solitaires feuillant la nuit j’ai parlé pour les âmes blessées tombées dans les rets les combes les rus déserts ou sous les sacrifices même celles qui s’abreuvent dans le ciel léchant le pelage du répit où qu’elles s’abattent élytres incrustées dans le bitume j’ai parlé pour toutes les bêtes j’ai couvert les arbres la nudité les bras bleus de l’hiver les coups de cœur les nœuds les blessures des voyages tant dévorés d’automne et de planches brûlées sur les scènes d’infortune et bien sûr les racines mêlées laiteuses de terre natale et ceux restés muets après l’hiver de rêve aux couleurs tropicales les totems tam-tams scarifiés d’improbables promesses acres fumées sur les bûchers j’ai chanté ma rivière en courant de village en village ce ruisseau d’écorche entre les ronces et les cornes des vaches brunes les frayères où bondit l’arc en ciel fil argent et quand elle lace d’autres rivières dans les fluences incertaines qu’elle escalade les flots de lumière ou qu’elle rentre à la maison le ventre gros et la disette j’ai parlé de tous les diamants j’ai parlé les grues les ailes les chants les oiseaux de Cadou les papillons de Khlebnikov les chevaux rouges de Paradjanov j’ai parlé de la mer quand elle veille ondoie levantine ou qu’elle se donne tant de mal roule avec les noyés cheveux défaits le tango d’un dernier patin coulé dans le sable la nausée frontière septentrionale de la tendresse j’ai parlé les allers-retours les grands larges et les vents de marées ouvrières j’ai halé le filet de mes rêves contre tant de saisons la poussière nomade la nuit des temps mes tempes battues de sang traversé les tribus de pierre levées sur la montagne moissons de titans moudjahid et sannyasin ermites à l’encolure des vents et les sépultures calcinées des chaumières dans les déserts les jardins suspendus de la discorde le pied dans la fourmilière mes chansons de rue pour les villes à vendre les mains pleines de désespoirs et le vin des raisins d’ambre sur sa poitrine blanche ce sang qui m’ensorcelle j’ai serré contre moi ma sœur de lettres les particules éclectiques j’ai serré toutes mes sœurs mes frères aussi finalement j’ai joué à la guerre pour de vrai avec les enfants je les ai aimés jusqu’à la corde à rire et à sauter à en pleurer et je suis reparti avec eux les bons et les méchants chercher un autre monde ma main court sur un printemps inavoué il me reste des fruits dans la boîte crânienne que l’automne pressera contre mes lèvres lorsque l’été se retire enfin des estives 7 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites Plus d'options de partage...
Messages recommandés