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Posté(e)


Il fut un temps où les saisons ne se connaissaient plus.


Le Printemps arrivait en retard, désorienté, cherchant ses fleurs égarées dans un monde qui ne l’attendait plus.

Sa jeunesse autrefois éclatante semblait flétrie avant même d’avoir pu s’épanouir.

Les bourgeons hésitaient, ne sachant plus quand percer la terre durcie.

Le Printemps errait, inquiet, murmurant :


… « Qui suis-je, si je ne peux plus réveiller le monde ? »


L’Été, lui, brûlait d’une ardeur dévorante qui consumait tout sur son passage.

Sa maturité flamboyante, était devenue fièvre, sa force transformée en tyrannie.

Il desséchait les rivières, fendillait la terre, incendiait les forêts.

Dans son élan passionné devenu folie, l’Été ne reconnaissait plus sa propre chaleur bienfaisante.


… « Suis-je devenu monstre ? » se demandait-il, accablé.


L’Automne s’étirait au-delà de son temps, crépuscule qui refusait de laisser sa place.

Sa mélancolie sage s’était muée en tristesse infinie ;

ses feuilles dorées tombaient sur un sol qui ne les accueillait plus.

Il contemplait le monde avec nostalgie, se souvenant d’une époque où son déclin annonçait simplement le repos à venir.


… « Où est ma beauté ? » pleurait-il doucement.


Et l’Hiver, jadis serein dans sa froideur majestueuse, ne savait plus s’il devait venir ou partir. Parfois absent, parfois trop violent, il perdait sa blancheur immaculée, son silence sacré.

La fin qu’il incarnait n’était plus repos mais chaos.


… «  Ai-je encore un rôle à jouer ? » murmurait-il dans le vent glacé.


Les quatre erraient ainsi, séparés, perdus, ne se croisant que par hasard dans un monde devenu incohérent.

Chacun portait en lui une souffrance indicible : celle de ne plus être qui il était, de ne plus savoir où était sa place dans le grand cycle.



Jusqu’au jour où la Nature elle-même — celle qui les avait enfantés — se manifesta.



Elle ne parla pas.

Elle ne gronda pas.

Elle fit simplement converger les quatre vers un lieu hors du temps, une clairière où toutes les époques coexistaient, où le passé et l’avenir se touchaient dans un éternel présent.


Là, pour la première fois depuis longtemps, les quatre se regardèrent vraiment.


Le Printemps vit dans l’Automne non pas un rival, mais un miroir : la jeunesse contemplant la maturité, l’espoir rencontrant la sagesse.

L’Automne reconnut dans le Printemps ce qu’il avait été, cette promesse pure qu’il portait encore en lui malgré tout.


L’Été découvrit dans l’Hiver non pas un ennemi, mais son complémentaire absolu : la passion ardente embrassant la sérénité glacée, le feu apprivoisant la glace.

L’Hiver sentit dans l’Été la chaleur qui avait toujours manqué à sa solitude cristalline.


Alors, la Nature, témoin silencieux, tissa entre eux des fils invisibles.


Elle unit le Printemps et l’Automne dans une étreinte douce-amère, où la naissance et le déclin s’embrassaient pour créer l’éternel recommencement.

Leurs différences, loin de les séparer, devinrent la source de leur force :

l’un donnait l’élan,

l’autre la profondeur ;

l’un semait l’espoir,

l’autre récoltait la mémoire.


Elle maria l’Été et l’Hiver dans une union spectaculaire, où les extrêmes se fondaient en équilibre parfait.

Leur amour était celui des contraires absolus qui, en s ‘acceptant, créaient l’harmonie du monde :

l’un apportait la vie intense,

l’autre le repos nécessaire ;

l’un enflammait,

l’autre apaisait.


Et dans ces unions, quelque chose de magique se produisit.


Les quatre, en s’aimant malgré leurs différences, en acceptant que leurs fêlures formaient ensemble un tout cohérent, retrouvèrent leur identité perdue.

Le Printemps redevint éveil tendre,

l’Été chaleur généreuse,

l’Automne beauté mélancolique,

l’Hiver repos sacré.


Ensemble, mariés par la Nature elle-même, ils commencèrent à danser.


Non plus dans le chaos et la confusion, mais dans une ronde harmonieuse où chacun cédait la place à l’autre avec grâce, où chacun offrait à l’autre ce qu’il avait de plus précieux.

Le Printemps transmettait son flambeau à l’Été,

qui le passait à l’Automne,

qui le confiait à l’Hiver,

qui le rendait au Printemps — dans un cycle éternel et parfait.


Et ainsi naquit l’année nouvelle.


Une année où les saisons, unies par l’amour et la compréhension, créaient ensemble une vie harmonieuse .

Une année où leurs différences, loin d’être des obstacles, devenaient la richesse même de l’existence.

Une année où le dérèglement ancien cédait la place à un équilibre retrouvé.


Car c’est dans l’union des contraires,

dans l’acceptation des différences,

dans l’amour qui transcende tout,

que la vie trouve son sens et son renouveau.



Les quatre saisons avaient compris :

séparées, elles se perdaient.

Ensemble, elles créaient le monde.




Posté(e)
  • Semeur d’échos

Une belle prose poétique, très allégorique, qui prône avec talent tolérance et respect mutuel !

Posté(e)
  • Semeur d’échos

Vivaldi aurait approuvé.

Posté(e)

Une belle allégorie qui aborde des thèmes universels ; on pense dans un premier temps au dérèglement climatique mais la seconde partie du texte ouvre encore d'autres perspectives : un conte très enrichissant et très agréable à lire !

Posté(e)
  • Semeur d’échos

Une belle histoire, joliment écrite à chacune de ses étapes et dont la morale réconcilie avec le monde, la nature, la réalité.

Posté(e)
  • Auteur

Merci à tous!!!

L'inspiration m'est venue en repensant à une très vieille chanson "Quand les hommes vivront d'amour" de 1960, qui m'a marquée par ses paroles ( ͡~ ͜ʖ ͡° )

Posté(e)

C'est un texte d'une grande maturité littéraire, qui allie avec grâce la poésie et la philosophie.

La structure circulaire (du chaos à l'harmonie, de la séparation à l'union) est parfaitement maîtrisée.

On sent l'influence des grands fabulistes et une sensibilité écologique moderne.

Ce pourrait être le cœur d'un beau livre illustré, tant l'imaginaire est riche et visuel.

Un véritable plaisir de lecture ! Merci @Vol Au Vent !

(Quant à la chanson que vous évoquez, elle est en effet mémorable !)

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