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Un homme dans la nuit


Marc Hiver

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Solitaire et transi, un homme dans le noir

Arpentait les guérets armé de son bougeoir

Et moi je le suivais sans verser de débours,

Car il était écrit : aucun droit au retour.

 

On entendait, lointain, un chant de baladin

Emporté par le vent qui soufflait, mais en vain,

Sur la fange des mots fuyant l'ignominie

Qui s'attache au destin des âmes sous la pluie.

 

Le vieillard cacochyme épuisé et lunaire

Poussait des petits cris quand il tombait à terre

Et je crus maintes fois que sa vie le quittait

Alors qu'avec sa canne un chemin reprenait.

 

Au détour d'une haie hérissée d'églantiers

Il sortit de sa poche encombrée de papiers

Une carte en chiffon aussi vieille que lui

Et je compris alors pourquoi les chats sont gris.

 

L'individu farouche aux dents de carnivore

Se retourna vers moi bien avant que l'aurore

Eût de ses doigts de rose embaumé le matin

Comme s'il avait pu égorger un lutin.

 

J'enrage d'avouer que mes pas un peu lourds

Me conduisaient enfin après mille et un tours

Au très profond de l'être aspirant à l'esprit

Du vin de la comète avec quoi l'on s'éprit.

 

Les premières lueurs d'une aube frissonnante,

À l'horizon barré par une feinte lente,

Avaient sans vergogne couru contre la montre

Pour titiller mon corps en le jouant à contre.

 

Tristesse de penser qu'un tricheur anonyme,

Chaque nuit ténébreuse aux bons soins de la rime,

Y va des moqueries en brouillant la frontière

Entre soi et son double interposant un tiers.

 

Une miche de pain m'attendait au bercail

Et souvent j'écoutais résonner les sonnailles

D'un troupeau de vaches qui m'octroyait son beurre

Tandis que je buvais mon café de bon cœur.

 

Une journée oisive avant que le soleil

Ne décline trop vite et n'entraîne l'abeille

À rejoindre la ruche et qu'en ses alvéoles

On ne bourdonne plus après des courses folles.

 

Mais moi, je sortirais toujours au crépuscule

Pour suivre dans le noir cet homme sans scrupule

En sachant qu'un beau jour, ou plutôt une nuit

Je brûlerais d'enfer ou bien au paradis.

 

Modifié par Marc Hiver
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